CHAPITRE VIII — L’humilité

TRAITE DU MINISTERE ECCLESISASTIQUE

- Livre quatrième -

Des vertus nécessaires à l'exercice du ministère

Le prêtre a doublement besoin de la grâce de Dieu : il en a besoin pour lui-même, il en a besoin pour son troupeau. Et comme Dieu, suivant la très sage loi de sa miséricorde et de sa justice, résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles, il suit de là que le prêtre a un double besoin, c’est-à-dire un besoin plus pressant que ses fidèles d’être véritablement humble.

Il a besoin de connaître les voies de Dieu, ses secrets d’état, il a besoin de se concilier la grâce d’en haut et de la concilier avec les âmes dont il est le pasteur : Comment sera-t-il un médiateur agréé de Dieu s’il n’est pas humble ? Dieu se découvrira-t-il à l’homme qui veut entrer dans ses secrets pour lui ravir sa gloire et se l’attribuer à lui-même ? Fera-t-il le canal de sa grâce l’homme qui, par son orgueil, se fait l’ennemi de la grâce ? Comment pourra-t-il traiter avec Dieu de la réconciliation des âmes coupables, celui qui lui-même se pose en révolté contre Dieu par l’orgueil ?

Sans humilité, il n’y a pas de ministère possible : Dieu veut bien nous donner sa grâce, mais il ne veut pas que nous lui prenions sa gloire : et dès qu’un prêtre veut pour lui-même de la gloire, il cesse d’être le médiateur de la grâce. Deus superbis resistit et gratiam præstat humilibus.[22] (Jac. 6, 6)

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[22] Jac. 4, 6 : Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais aux humbles il donne sa grâce.