11 Février 2011
Marc 8 8 1 En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une foule nombreuse et qu'ils n'avaient pas de quoi manger, il appela à lui ses disciples et leur dit: 8 2 "J'ai pitié de la foule, car voilà déjà trois jours qu'ils restent auprès de moi et ils n'ont pas de quoi manger. 8 3 Si je les renvoie à jeun chez eux, ils vont défaillir en route, et il y en a parmi eux qui sont venus de loin." 8 4 Ses disciples lui répondirent: "Où prendre de quoi rassasier de pains ces gens, ici, dans un désert?" 8 5 Et il leur demandait: "Combien avez-vous de pains" -- "Sept", dirent-ils. 8 6 Et il ordonne à la foule de s'étendre à terre; et, prenant les sept pains, il rendit grâces, les rompit et il les donnait à ses disciples pour les servir, et ils les servirent à la foule. 8 7 Ils avaient encore quelques petits poissons; après les avoir bénis, il dit de les servir aussi. 8 8 Ils mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta les restes des morceaux: sept corbeilles! 8 9 Or ils étaient environ 4.000. Et il les renvoya; 8 10 et aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il vint dans la région de Dalmanoutha. |
Cet Evangile, centré sur le Règne de Dieu qui nous vient à travers la mission de Jésus, et que nous avons à accueillir en disciples de Jésus, se déroule en 6 grands épisodes, qui suivent le Prologue (1, 1 - 15). Ce Prologue nous présente la mission de Jean Baptiste, ainsi que le baptême, la tentation de Jésus, et son entrée dans son ministère, pour se conclure avec un résumé très synthétique du message de Jésus : "Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu s'est approché. Convertissez-vous, et croyez à la Bonne Nouvelle". Ainsi se suivent ensuite les 6 grands épisodes : - Jésus est rejeté en Galilée (3, 7 - 6, 6a), - Les malentendus entre Jésus et ses disciples, en Galilée et ailleurs (6, 6b - 8, 21), - Jésus instruit ses disciples, alors qu'il monte vers Jérusalem (8, 22 - 10, 52), - Les premiers jours de la semaine, unique et finale, de Jésus à Jérusalem (11, 1 - 13, 37), - Fin de la semaine de Jésus à Jérusalem avec sa passion, sa mort et la découverte du tombeau vide (14, 1 - 16, 20). |
Tel est le second récit d'une multiplication des pains que nous rapporte Marc (voir 6, 34 - 44), geste miraculeux de Jésus exercé sur des produits de la nature ou des aliments qu'il distribue avec une rare abondance qui ne peut que suggérer l'ampleur et la munificence du donn du salut de Dieu qu'il est venu réaliser. Cette scène semble se passer hors du territoire d'Israël et dans un endroit désert. Jésus y reproduit pratiquement les mêmes gestes que lors de la première multiplication des pains, gestes qui sont habituellement ceux de la bénédiction Juive au début des repas, et qu'il reprendra lors de son dernier repas, qu'il nous demandera de reproduire "en mémorial" de lui, c'est-à-dire de son obéissance jusqu'à être livré aux païens qui vont le faire mourir, et ainsi à donner sa vie. Ces gestes successifs de Jésus demeurent donc ceux de nos célébrations de l'Eucharistie : prendre, rendre grâce, rompre et partager, distribuer pour que tous mangent (et boivent dans l'Eucharistie). L'on peut constater que Jésus se comporte en maître du repas qu invite à sa table, et anticipe déjà le banquet eschatologique de la fin des temps, dont il parle par ailleurs, selon la tradition Biblique. Mais le fait que, contrairement à la première, cette multiplication nous est présentée comme ayant lieu en plein désert met moins l'accent sur la gratuité de la démarche de Jésus, et renvoie davantage à la "manne" que Dieu distribuait à son peuple quand ce dernier, avec Moïse, parcourait le désert de l'Exode. |
On s'est posé la question du symbolisme des nombres : "5000 hommes" nourris lors de la 1ère multiplication signifieraient le peuple Juif parce que suggérant les 5 livres de la Torah (ou du Pentateuque), attribués à Moïse, tandis que les 12 corbeilles de restes rappelleraient les 12 tribus d'Israël. Quant aux "4000 hommes" de la 2nde multiplication, ils renverraient aux 4 points cardinaus, signifieraient ainsi l'unvers entier, donc le monde païen, avec les 7 corbeilles de restes renvoyant aux 70 nations censées peupler l'univers existant. Nous restons toujours autant dans le domaine de la pure conjecture lorsque, selon d'autres, les 12 corbeilles renvoient aux Douze (apôtres), tandis que les 7 corbeilles du 2nd récit suggèreraient les "7" disciples Juifs Hellénistes préposés aux service des tables des membres de leur communauté en Actes, 6. On a noté également que le mot grec traduit par "panier" ou "corbeille" n'était pas le même dans les deux récits, celui utilisé dans la première multiplication désignant un objet ou ustensile typiquement Juif. Contrairement à ce que beaucoup écrivent à ce sujet, il n'est pas certain pour d'autres que cette seconde multiplication soit vraiment présentée par Marc comme ayant lieu en pays païen (voir 7, 31). Peut-êtrre Marc a-t-il simplement raconté une deuxième fois le récit de ce miracle pour souligner l'incrédulité des disciples,qui, témoins de la 1ère multiplication, n'auraient pas dû reposer exactement la même question à Jésus concernant la possiblité de nourrir une pareille foule en plein désert. La suite de l'Evangile nous montrera d'ailleurs qu'ils ne comprennent pas davantage le sens de cette seconde multiplication, ni l'importance de ces deux gestes de Jésus, si l'on admet qu'il les ait effectués à deux reprises, commr nous le raconte Marc (8, 14 - 21). |
Dans la suite des textes conduisant à ce second récit, le page précédente nous décrivait la guérison par Jésus d'un sourd bègue, en effectuant des gestes et des mots précis qui sont repris dans nos célébrations baptismales (salive sur les lèvres du muet et la parole "effeta" qui est prononcée : voir 7, 31 - 37). Les deux sacrements "majeurs" de notre participation au mystère pascal de Jésus nous sont donc rappelés successivement ici. Comme tous les miracles et gestes de Jésus, celui-ci nous annonce donc, à travers l'événement rapporté dans sa matérialité, une dimension du salut de Dieu, dont nous avons déjà signalé plus haut les caractéristiques d'abondance, d'accomplissement définitif des grands moments de l'Exode, et d'anticipatin de l'achèvement du Royaume de Dieu, offert et partagé à tous à la fin des temps, et évoqué sous l'image du banquet du Royaume (Matthieu, 8, 10 - 12) A travers ce récit, c'est bien Jésus qui nous comble de la richesse et de la plénitude de Dieu, que nous sommesi invités à découvrir ou à re-découvrir dans sa nouveauté. |
Seigneur Jésus, tu t'es déclaré être notre authentique "pain de vie", à la fois par ta Parole qui nous nourrit de ton message et de son efficacité d'accomplissement, car elle la Parole de Dieu, et par la participation à ton attitude d'obéissance au Père en ton OUI, vécu jusqu'au dernier instant de ton existence humaine, que tu nous offres quand nous nous réunissons entre frères et soeurs croyants pour célébrer et recevoir le mémorial de ton engagement, à travers tes gestes et paroles sur la pain et la coupe, que tu nous demandes de reproduire : donne-moi d'entrer intensément dans l'accueil de ta Parole, et dans l'acte de ton engagement suprême, en ton "Heure" de passage de ce monde au Père, ainsi que d'en laisser produire tous les fruits de Vérité et d'amour que ton Esprit réalise en moi, comme en tous ceux qui te reconnaissent comme le Seigneur de leur vie. AMEN. |