L'Église fondée sur les Apôtres

    Si nous pouvions remonter la longue lignée de ceux par qui la foi nous est parvenue, nous trouverions toujours à l’origine l’un des Douze. Ils ne sont pas chronologiquement les premiers. Avant eux, Marie a connu Jésus ; avant eux, Jean-Baptiste a désigné en Jésus l’Agneau de Dieu ; avant eux Étienne a été le témoin du Christ jusque dans la mort.
     La primauté des Apôtres n’est pas chronologique, elle est institutionnelle. Ils ont été établis par Dieu pour faire connaître au monde le Seigneur Jésus. C’est une primauté vitale : par eux la grâce de la foi et des sacrements a été transmise au monde. Nous connaissons Jésus, nous l’aimons, nous vivons de sa vie grâce à leur témoignage.
     L’Église a toujours eu conscience de ce rôle irremplaçable des Apôtres pour quiconque était appelé à la foi. L’un des écrits chrétiens les plus anciens après le Nouveau Testament, la Didachè, est intitulé : "Doctrine du Seigneur enseignée aux nations par les douze Apôtres". Ce livre est une sorte de catéchisme. Il se présente comme étant la doctrine, l’enseignement du Seigneur. Mais cet enseignement, on estime indispensable de le dire, ne parvient aux nations que par le ministère des Apôtres.
     Notre Credo dit de l’Église qu’elle est "apostolique". Cela ne veut pas dire d’abord qu’elle a un apostolat à exercer, cela signifie qu’elle a été fondée par le Christ sur les Apôtres. Jésus n’a pas écrit de livre, ni de lettres ; ce qu’il a dit et fait ne nous est connu que par les Évangiles et les autres écrits du Nouveau Testament. Deux des évangélistes, il est vrai, n’étaient pas du nombre des Douze. Mais, lorsque les premières Églises chrétiennes ont reçu les évangiles de Marc et de Luc, elles ne l’ont fait que parce que ces livres résumaient et reflétaient l’enseignement des Apôtres.
     Lorsque, maintenant encore, nous lisons et méditons les écrits du Nouveau Testament et spécialement les Évangiles, nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu transmise par les Apôtres. Nous nous arrêtons rarement à celui qui transmet. Et pourtant il n’est pas indifférent de savoir que celui qui parle est Matthieu, le juif s’adressant à ses frères juifs ; ou Marc faisant écho à la parole de Pierre ; ou Luc, le disciple de Paul, songeant aux païens ; ou Jean, le vieil Apôtre, livrant le fruit de ses contemplations en même temps qu’il évoque le souvenir du temps où il voyait le Seigneur de ses yeux.
     Nous ne nous arrêtons guère à songer à ces hommes qui ont porté jusqu’à nous la Parole de Dieu. C’est peut-être là leur plus grand titre de gloire. Ils ont été si fidèlement des témoins du Christ que dans leurs récits nous ne voyons plus que ce qu’ils ont voulu nous dire du Seigneur. Ils avaient pour mission de faire connaître Jésus. C’est lui qu’ils nous font voir et aimer.

 C’est lui qu’ils nous font voir et aimer.