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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

La charité sacerdotale

Lettre circulaire de Mgr Lefebvre aux confrères

(Dakar, 29 juillet 1960)

 

Après la participation aux Saints Exercices de la Retraite annuelle, vous envisagez avec courage une nouvelle année d'apostolat et de sanctification personnelle.

Permettez que je vous suggère quelques pensées et réflexions salutaires sur cet apostolat, afin qu'il soit toujours plus conforme à l'esprit de charité et de vérité qui nous a été donné par Notre Seigneur, afin d'animer et de guider notre « Mission ». Accipite Spiritum Sanctum... et ecce Ego mitto vos... (1).

 

Notre vie sacerdotale tout entière est une vie de charité.

- Vie de charité envers Dieu, en Notre Seigneur, qui est le « Priant » par excellence, nous apprenant à prier en esprit et en vérité. En effet, la vie de prière est la première manifestation de la charité : amour et adoration du Père qui est dans les Cieux par son divin Fils et en son Esprit.

Bienheureuses les heures du Bréviaire, de l'oraison ! Sublimes instants de notre Sainte Messe, qui sont la manifestation de notre charité envers Dieu !

- Vie de charité fraternelle dans le respect de l'autorité non ad oculum servientes, sed propter Deum (2). Charité fraternelle dans la Communauté sacerdotale et missionnaire composée de nos confrères, de nos auxiliaires : frères, religieuses, catéchistes ; charité qui entraîne vers la prière en commun, vers le travail de concert, vers une unité de pensée et de zèle apostolique qui n'est autre que l'unité de l'Esprit-Saint.  

Bienheureux les catéchistes ou laïcs responsables, bienheureux les frères, les religieuses qui sont guidés et encouragés par des prêtres animés de cette charité.

 

Mais cette charité est exigeante ; elle réclame de nous une profonde humilité qui ne connaît pas le mépris, ni la violence, ni le sans-gêne, ni l'oubli ou l'indifférence.

Gardons-nous de provoquer dans les âmes une amertume qui peu à peu ruine la confiance, gêne pour les confessions. Certains prêtres se doutent-ils de la blessure difficilement réparable, causée par des paroles de mépris, par le libre cours donné à l'impatience ou la colère, par le refus d'un secours spirituel ou matériel très légitimement demandé. Quelle responsabilité !

Gardons-nous de l'envahissement de la vie facile et laissée au caprice et à l'indiscipline ! C'est l'égoïsme qui pénètre dans la vie de communauté et dans la vie sacerdotale : veillons aux dépenses exagérées de tabac, de boissons, de postes radio , évitons les voyages inutiles ; veillons à l'entretien des véhicules en conduisant avec soin et allure modérée. Que de réparations coûteuses seraient épargnées !

L'indiscipline de vie et l'envahissement de l'égoïsme se manifestent encore par les inexactitudes, les retards continuels aux Offices, aux repas et dans la vie quotidienne laissée à l'impulsion, au premier mouvement !... Elle apparaît dans la tendance à éviter les charges qui ne plaisent pas, à s'établir une comptabilité personnelle, qui n'est pas soumise au curé ou au supérieur.

Que de chaînes on se forge ainsi qui étouffent la charité et rendent difficile l'unité des esprits et des coeurs ! Caritas non quaerit quae sua sunt (3). De pareilles tendances acceptées, consenties sans effort de redressement sont graves.

Vive la charité qui libère l'âme de toutes ces servitudes de l'égoïsme, qui est toujours prête à rendre service, à manifester à qui de droit la gestion de sa charge, de ses comptes, soucieuse de se maintenir dans l'obéissance et l'abandon à la volonté divine.

 

À la charité fraternelle dans la communauté missionnaire doit correspondre la charité apostolique dans la réalisation de la «Mission ».

Charité dans l'authenticité et la vérité du témoignage ; elle est sensible et évidente dans toutes les pages du Nouveau Testament en particulier.

La foi en Jésus-Christ, témoin du Père, Dieu lui-même, Créateur du monde, en dehors de qui personne ne peut aller au Père; c'est toute notre raison d'être.

Notre grande charité envers le monde sera de lui porter ce témoignage tel que Notre Seigneur nous l'a transmis par l'Église. Les conclusions découlent d'elles-mêmes, inutile d'insister. Le prêtre qui ne serait plus le parfait reflet de la pensée de l'Église perd sa raison d'être, se rend indigne de son sacerdoce.

Ce n'est pas dans la vraie charité que de contribuer à laisser les esprits dans l'erreur et les âmes dans le péché. Autre chose est comprendre les âmes et le cheminement qui les a amenées dans l'erreur et le péché ; autre chose donner à l'erreur une apparence de vérité et au péché un semblant de vertu, qui feront croire à notre interlocuteur qu'il est dans la vérité et dans le bien. Certes, il s'agit là de nuances, mais la vraie charité tout entière faite de foi en Jésus-Christ ne s'y trompe pas et ne mettra pas la Lumière sous le boisseau.

Il est plus facile de ne jamais contredire, de toujours approuver et de se créer une popularité aisée aux dépens de la vérité, c'est-à-dire, aux dépens de Notre Seigneur lui-même ; en cela, on se recherche soi-même et l'on n'exerce pas la vraie charité.

Heureuse la charité qui trouve le chemin des âmes, afin de les amener à l'Unique Pasteur !

 


 

(1) « Recevez le Saint-Esprit... (Jn 20, 20)

... et moi je vous envoie » (Jn 20, 2 1).

2) « ... non parce qu'on vous voit, mais pour Dieu » (Ep. 6, 6 et Col. 5, 22). 

(3) « La charité ne cherche pas ses propres intérêts » (1 Co. 13, 5).

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