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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

1er Dimanche de l'Avent - Année C - Luc 21, 25…26

Nous commençons une nouvelle année liturgique - et nous la commençons en lisant un texte de la fin. La lecture de cet Evangile fait partie du tout dernier discours de Jésus avant sa mort. L'Eglise insiste, chaque année, pour nous faire partir de la fin de la mission de Jésus pour nous faire dire ce que nous serions tentés d'appeler un commencement. Commencement, c'est vrai, d'une année liturgique nouvelle.

Mais ce temps de l'Avent, de Noël et de l'Epiphanie, est un temps artificiel qui a été créé par l'Eglise - non pas pour faire mémoire, d'abord, des événements du Christ, mais pour se situer dans la communauté humaine. On ne connaît pas la date de la naissance de Jésus, mais on s'est arrangé, quelques siècles après Jésus, pour remplacer une fête païenne qui coïncidait avec le jour le plus court de l'année, le solstice d'hiver, avec le passage des ténèbres à la lumière, le moment où les jours commencent à rallonger - et c'est là qu'on a situé et célébré l'apparition de Jésus dans le monde.

Nous savons très bien que depuis des siècles, ce passage d'une année à l'autre est un temps d'arrêt. On parle de la trêve des confiseurs, nos villes sont illuminées de décorations, la consommation marche à plein : on a l'impression que la vie s'arrête. Et cela dure depuis des siècles. Et l'Eglise a voulu que les chrétiens se situent dans cette civilisation de multi siècles et presque de multi millénaires, d'arrêt d'une humanité qui a besoin de souffler pour s'acccorder un grand temps - non pas d'histoire, mais de méditation ; un temps de méditation sur le projet de Dieu, le dessein de Dieu.

Et ce temps, on l'appelle le temps de l'Avent, de Noël et de l'Epiphanie. Noël veut dire : Dieu est avec nous.

Alors, c'est bien de célébrer le passage d'une année à l'autre, c'est bien de célébrer le début d'une nouvelle saison qui va arriver dans quelques semaines avec les jours qui vont commencer à rallonger à partir du solstice d'hiver, c'est bien de nous unir aux hommes qui pensent à mettre un recul dans leur vie pour s'attacher au positif et faire la fête ; c'est bien de participer à cette fête, mais en chrétiens. Et c'est bien ce que l'Eglise demande de faire en ce temps de Noël, de l'Avent et de l'Epiphanie. Le mot central de ce temps étant Noël. Noël veut dire : " Dieu est avec nous. "

Et pour célébrer ce temps, l'Eglise propose une grande fresque, la fresque du dessein de Dieu, la fresque de tout ce que Dieu a fait pour l'humanité, la fresque qui a un commencement, un début de l'action de Dieu qui s'est fait dans l'Ancien Testament avec les juifs, nos pères dans la foi ; et surtout, c'est une fresque d'espérance : Dieu agit dans l'humanité jusqu'à un sommet - et ce sommet, c'est l'apparition du Christ ; mais du Christ ressuscité, du Christ de la fin des temps. Et c'est pour cela que nous partons du Christ de la fin des temps pour regarder cette fresque : Jésus ressuscité, Jésus debout, Jésus notre avenir, est la clé de compréhension de l'histoire de l'humanité.

Et dans cette liturgie, nous allons voir dérouler cette fresque de l'action de Dieu, avec bien sûr ce sommet qui représente l'apparition du Christ dans notre monde, célébrée à deux reprises dans la fête de Noël et de l'Epiphanie - même si Noël a plus de poids, traditionnellement, c'est une fête à double rebondissement, qui nous invite à dire : comment vivons-nous ce temps ? On est tenté de dire quelquefois, de juger, en disant : il n'y a plus de foi, c'est la consommation, etc… Comment vivons-nous ce temps ? Une seule réponse : si Dieu est avec nous, notre vie est le lieu de Dieu ; Dieu habite notre vie, Jésus est présent dans notre vie.

Alors, vivons ce temps de fin d'année en communion avec tous nos frères les hommes qui prennent un certain recul, une certaine détente - mais en disant, pour nous : l'explication de tout cela, c'est que Dieu est avec nous, notre vie est le lieu de Dieu qui lui donne une lumière, une lumière que tous les signes de la vie, toutes les richesses, toutes les magnifiques réussites de la civilisation, tout ce qui nous plait dans notre vie d'hommes et de femmes d'aujourd'hui, ça n'est qu'un signe d'une valeur plus grande qui est que Dieu est avec nous. Notre vie est-elle le lieu de Dieu ? C'est la question que pose tout ce temps de l'Avent, à partir justement de ce choix de l'Eglise de partir de la clé, de la fin de l'histoire.

Alors, quelle est cette fin de l'histoire dont nous parle l'Evangile ? Car ce sont des textes qui nous font peur, qui nous parlent de bouleversements : les nations sont affolées, la mer, la tempête, les puissances des cieux ébranlées… C'est malheureusement un texte qui a été coupé à plusieurs reprises ici, dans la version que nous en donne la lecture liturgique. Le dernier discours de Jésus situe bien ce que signifie l'achèvement, la fin de tout, qui explique notre vie d'aujourd'hui ; nous partons de la fin de tout.

Et quelle est cette fin de tout ? Eh bien, Jésus avait d'abord parlé de la ruine de Jérusalem - on a passé ce passage, c'est dommage - parce que la ruine de Jérusalem voulait dire : avec l'avènement de Jésus, avec son message, sa mort, sa résurrection et le don de l'Esprit Saint, le passé est mort. Jérusalem a perdu sa mission, le Temple a perdu sa mission, c'est fini, le passé est mort. Et ce qu'annonçaient déjà les prophètes : " Ne vous souvenez plus d'autrefois, regardez ce que fait Dieu aujourd'hui " - ce qu'a dit la 2ème lecture, ce que dit saint Paul dans la Lettre aux Romains, en disant : aujourd'hui, c'est l'aujourd'hui de Dieu. " Ne vous souvenez plus d'autrefois. " Nous sommes des gens d'un présent animés par l'avenir, et non pas des recroquevillés sur un passé qui est mort; même le passé religieux. C'est bien cela que signifient les paroles de Jésus, disant aux juifs de son temps : ce n'est plus ici qu'est l'avenir, c'est vers moi, ma mission, ma parole, mon Evangile, et la résurrection qui va suivre.

Et puis, les puissances des cieux sont ébranlées. Cela ne s'adresse plus aux juifs, mais aux païens : les païens adoraient le soleil, adoraient la lune, adoraient les étoiles. La venue de Jésus fait disparaître les idoles. Nous avons là un texte poétique qui ne décrit pas une réalité, mais qui suggère ce que Dieu accomplit : la chute des idoles. Mais la chute des idoles crée une transformation dans notre vie ; nous devons passer des idoles que nous avons en nous à une nouveauté que Dieu nous donne. Nous avons à nous accueillir dans la foi comme fils de Dieu. Et on est fils de Dieu dans la mesure où on se vide de soi-même pour se laisser posséder par l'Esprit de Dieu, l'Esprit de Jésus. Dieu nous change notre image. Alors, de même qu'il ne faut pas nous accrocher au passé, il faut nous déposséder de nos idoles. Nous sommes des gens de la nouveauté perpétuelle, car Dieu est avec nous. Et désormais, il nous invite à vivre d'amour à la façon de Jésus.

Et c'est bien ce que signifient les deux aspects positifs de cet Evangile. On annonce des catastrophes énormes, à deux reprises : " Comme un filet, le jour de Dieu s'abattra sur tous les hommes de la terre. " Et puis, on nous dit à deux reprises : " Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête… " ça veut dire " vous échappez à ces évènements. " " Restez éveillés, vous serez jugés dignes d'échapper à ce qui doit arriver et de paraître debout devant le Fils de l'homme. "

Quand Jésus annonce, dans un langage catastrophique qui était celui de son temps, qu'on appelle le langage apocalyptique caricatural de son temps, des événements épouvantables, il suggère ainsi, par ces évènements catastrophiques : c'est la fin du passé, c'est la chute des idoles, et c'est l'annonce que notre vie est une vie debout : paraître debout devant le Fils de l'homme, être marqués par la résurrection de Jésus. Quand saint Paul nous dit : " Vous avez revêtu le Christ, votre vie est cachée avec le Christ en Dieu… vous êtes fils, héritiers, cohéritiers avec le Christ… " : voilà la clé de cette fresque de toute l'histoire du salut qui est accomplie en Jésus Christ. Et nous sommes invités à regarder cette fresque de bout en bout pendant ces six semaines de méditation que l'Eglise nous propose, en lien avec la société qui fait une pose - méditation qui nous invite à dire : où en suis-je ? Est-ce que je suis encore perdu dans mes problèmes du passé ? Est-ce que je suis encore perdu dans mes idoles ? Qu'est-ce qui mène ma vie ? Où est-ce que je suis vraiment " debout ", dans une nouveauté sans cesse renouvelée qui est celle du Christ Jésus qui sans cesse parle dans notre vie ?
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