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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

Dimanche Pâques 4 année C


Jean 10, 27-30



Jésus est à Jérusalem. La fête de la Dédicace est célébrée. Jésus est menacé de mort. Et c'est là qu'il redit ces paroles qu'il avait déjà prononcées quelques temps avant : " Je suis le bon Pasteur, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent comme le Père me connais et que je connais le Père. Mes brebis écoutent ma voix. Personne ne les arrachera de ma main ", car c'est Dieu qui les lui a données.

En disant cela, Jésus accomplit une fois de plus la mission que Dieu lui a confiée. Et c'est une mission qui se situe dans l'histoire d'Israël, le peuple juif. Les rois d'Israël, dans la Bible, sont appelés des bergers - surtout depuis que le premier d'entre eux, ou le plus grand d'entre eux, David, était un berger de métier que Dieu avait appelé pour qu'il soit le roi, le leader, le guide de son peuple.

Et toute l'histoire de l'Ancien Testament nous montre que ces bergers, appelés par Dieu à guider un peuple choisi par Dieu, avec une mission que Dieu lui avait confiée d'être une bénédiction pour toutes les nations, ils annonçaient le salut de Dieu - voilà que ces bergers étaient de mauvais bergers - sauf deux d'entre eux, nous dit la Bible.

Si bien que les prophètes, envoyés par Dieu pour reprendre en main la situation, se sont mis à hurler contre ces bergers ; et en particulier le prophète Ezéchiel, dans son chapitre 34, insiste en disant que Dieu va rejeter ces bergers qui se servent eux-mêmes, qui sont les propriétaires du troupeau, qui ne remplissent pas leur mission. Il va prendre lui-même en charge la conduite de son peuple - par lui-même et par un nouveau David qu'il enverra. Jésus accomplit cette parole, ici : il se déclare le bon Berger, le bon Pasteur.

Pourquoi est-il " bon " ? D'une part, parce qu'il accomplit la mission du berger, qui est de protéger son troupeau, qui est en même temps de le prendre en charge et de veiller sur lui totalement. C'est ce que Jésus dit ici : " Personne ne peut les arracher de ma main. " Il est le garant, le protecteur. Donc, il est le bon Berger parce qu'il accomplit bien sa mission. Mais le texte va plus loin : " Je les connais, elles me suivent, elles écoutent ma voix… Je connais mes brebis, elles me connaissent comme le Père me connaît et que je connais le Père… " Il y a - pas seulement un métier de berger - il y a une relation personnelle de proximité très grande entre Jésus et tous ceux qui le suivent.

" Connaître ", dans la Bible, veut dire " être très proche de ", dans les liens de l'amitié, de la fraternité, la solidarité. Dieu nous connaît parce qu'il se fait proche de nous, en Jésus. Dieu nous rencontre, Dieu nous connaît. Et Jésus n'hésite pas à dire qu'il nous connaît comme le Père le connaît. Sa relation à nous est la même que la relation de Dieu à lui ; donc une relation d'intimité profonde, de solidarité, de fraternité, de prise en charge. Nous ne sommes pas seulement des éléments confiés à quelqu'un ou des personnes confiées à quelqu'un qui va nous aider.

Nous avons devant nous quelqu'un qui donne sa vie, qui partage sa vie : " Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront. " Nous ne faisons plus qu'un avec Jésus comme Jésus et le Père ne font qu'un. Nous entrons dans une conception de la prise en charge du peuple, d'un service qui est véritablement un partage total. En Jésus, Dieu a eu part à notre humanité pour que nous ayons part à sa divinité. Si bien que quand Jésus dit : " Je suis le bon Pasteur ", c'est une manière de plus de dire qui il est. " Je suis le Chemin, la Vérité, je suis la Vie, je suis la Résurrection, je suis la Vigne, je donne la source d'eau vive, etc… ", toutes ces paroles qui viennent de lui. " Je suis celui qui est au milieu de vous, comme Dieu " : voilà ce que Jésus nous redit ici. Donc un message qui nous invite à réfléchir et à nous situer.

Alors, comment nous situer ? Eh bien, de deux manières. D'abord, dans la foi, en ne doutant jamais qu'en Jésus, Dieu nous accueille ; qu'en Jésus, Dieu nous fait les siens ; qu'en Jésus, Dieu nous fait entrer dans sa famille ; que par Jésus et dans Jésus mort et ressuscité, nous appartenons désormais à Dieu, nous sommes appelés à partager sa vie, dès maintenant, dans l'Esprit Saint - une vie qui doit porter du fruit : des fruits de vérité, des fruits de partage, des fruits d'amour, des fruits de service… Nous n'avons jamais à douter de cela. Dieu est avec nous, Jésus est avec nous, nous ne sommes pas seuls, quelqu'un nous prend en charge.

Mais également, comme chrétiens, nous avons à imiter Jésus. Alors, comment imiter Jésus Pasteur ? Bien sûr, l'Eglise aujourd'hui dit que c'est le dimanche des vocations, qu'il faut prier pour qu'il y ait des pasteurs dans l'Eglise, et des responsables qui soient des ministres ordonnés. C'est une bonne chose ! Mais il ne faut pas limiter ce texte à cela ! Nous sommes tous appelés à être des pasteurs à la façon de Jésus.

Comment ? Il faut aller voir dans les autres Evangiles. Si nous lisons les autres Evangiles et la vie publique de Jésus, nous ne le voyons jamais prendre un bâton et conduire un troupeau. Nous le voyons serviteur de tous, nous le voyons prendre en charge tous ceux qui se présentent à lui, les pécheurs, les publicains, les prostituées, les malades, ceux qui sont totalement perdus dans leur vie, les enfants… Jésus est celui accueille et met debout, comme un serviteur et un frère, tous ceux qu'il rencontre. Si on veut voir comment Jésus s'est comporté comme berger dans son histoire, ne restons pas à l'Evangile de Jean qui est une magnifique synthèse de l'identité de Jésus, mais reprenons les autres Evangiles. Et voyons comment tout au long de la vie de Jésus, il guérit, il fait vivre, il met debout, il est véritablement le serviteur de tous. Donc, à ce titre là, nous sommes tous des bergers.

Le regard vers Dieu suppose le regard vers les frères. Et si Dieu nous connaît et que nous connaissons Dieu à travers Jésus, nous devons être proches de nos frères à la façon de Jésus : la proximité, la solidarité, la fraternité… surtout entre chrétiens - mais entre tous les hommes de bonne volonté, car nous croyons que tous les hommes sont à l'image de Dieu. Donc, nous sommes appelés à être bergers dans cette situation là. 1er aspect.

Mais n'oublions pas qu'en même temps, Jésus avait des disciples qui l'accompagnaient, il était un guide. Alors, nous devons être des guides, aussi ? Je pense que dans toute situation humaine où nous avons une responsabilité de personnes, nous devons être des bergers à la façon de Jésus. Les premiers bergers de nos communautés, ce sont les pères et mères de famille. Ces enfants qu'ils se sont donnés et qu'ils accueillent comme un don de Dieu, qui va les conduire ? Qui va être le témoin de Jésus parmi eux ? De même dans toutes nos communautés humaines. Je pense que dès qu'un chrétien accepte une responsabilité dans la profession, dans la vie humaine, dans la société, ou même dans le domaine politique : en tant que chrétien, il doit avoir un réflexe de berger, prendre en charge, être solidaire, être frère. C'est un enjeu très important.

Et nous voyons à quel point cet Evangile, nous avons toujours à le recevoir comme un don de Dieu, cette Parole de Jésus qui nous transforme - mais en même temps à la vivre comme une responsabilité très importante, qui révèle aux gens qui est Jésus.

Notre façon d'être des bergers va révéler comment Dieu nous prend en charge. Et la raison pour laquelle nous nous comportons comme des serviteurs - et non pas comme des propriétaires, non pas comme des chefs qui ont le pouvoir, mais qui cherchent le bien commun en essayant d'y associer tous les autres - dans la mesure où nous vivons ainsi, nous sommes des bergers à la façon de Jésus et nous témoignons que c'est ainsi que Dieu se comporte, lui qui a envoyé son Fils qui est allé rendre service jusqu'à donner sa vie et mourir pour les siens. Il donne sa vie, et il donne la vie éternelle. Dans quelle mesure acceptons-nous cette mission ?

Il y a une parabole de Jésus qu'on trouve dans les autres Evangiles et qui dit : " Celui à qui le maître de maison a confié une mission, il faut qu'il la vive ; car quand le maître de maison reviendra, il lui demandera des comptes. " Je pense que Dieu nous demande des comptes, dans notre conscience et dans notre foi, de la façon dont nous avons été bergers là où nous sommes placés par la vie. Bien entendu, cela vaut également pour les communautés d'Eglise - communautés de paroisses, communautés religieuses, diocèses, et toutes les communautés de chrétiens rassemblés, toutes les équipes de chrétiens. Nous avons des responsabilités quelquefois de responsables : comment les vivons-nous ? Comment sommes-nous, vraiment, des serviteurs ?

Alors, si nous prions aujourd'hui pour qu'il y ait dans l'Eglise des volontaires pour être responsables de communauté, comme prêtres, n'oublions pas que la meilleure façon de prier, c'est d'être nous-mêmes de bons bergers là où nous sommes. Non pas des démissionnaires, mais des engagés. Si nous sommes des bons bergers là où nous sommes, nous aiderons peut-être d'autres à découvrir cet appel de Dieu.

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