14 Avril 2010
Jn 3:31- Celui qui vient d'en haut est au-dessus de tous ; celui qui est de la terre est terrestre et parle en terrestre. Celui qui vient du ciel Jn 3:32- témoigne de ce qu'il a vu et entendu, et son témoignage, nul ne l'accueille. Jn 3:33- Qui accueille son témoignage certifie que Dieu est véridique ; Jn 3:34- en effet, celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il donne l'Esprit sans mesure. Jn 3:35- Le Père aime le Fils et a tout remis dans sa main. Jn 3:36- Qui croit au Fils a la vie éternelle ; qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie ; mais la colère de Dieu demeure sur lui. " |
En effet, l'Evangile de Jean, entre un court Prologue (Jean, 1, 1 - 18), qui est la reprise d'une hymne primitive bien adaptée pour servir d'ouverture à la mission terrestre en Jésus du Verbe fait chair (la Parole de Dieu) , et un Epilogue (Jean, 21, 1 - 25), qui est un compte rendu d'apparition(s) du Christ ressuscité en Galilée, ajouté, semble-t-il, lors de la rédaction finale de l'Evangile, se divise en deux grandes parties : - LE LIVRE DES SIGNES, dans lequel , tout au long du ministère public de Jésus, nous assistons à la révélation qu'il nous donne de Dieu son Père par ses signes et ses paroles (Jean, 1, 19 - 12, 50), - LE LIVRE DE LA GLOIRE, long de huit chapitres (!), où Jésus, à ceux qui le reçoivent et l'accueillent, montre sa gloire en retournant au Père, à son "Heure", passage qui se réalise dans sa mort, sa résurrection, son ascension, et le don de son Esprit ( Jean, 13, 1 - 20, 31). Le Livre des signes, dans lequel se situe notre passage, est d'abord ainsi nommé parce qu'il se trouve ponctué par SEPT signes, tous IMPORTANTS de par leur sens, accomplis par Jésus du début à la fin de son ministère : - le changement de l'eau en vin à Cana (2, 1 - 11), - la guérison du fils d'un intendant royal à Cana (4, 46 - 54), - la guérison d'un infirme à la piscine de Bethesda (5, 1 - 11), - la multiplication des pains en Galilée (6, 1 - 15), - la marche sur la Mer de Galilée (6, 16 - 21), - la guérison d'un aveugle-né à Jérusalem (9), - la réanimation de Lazare, mort et mis au tombeau à Béthanie (11). - 2°) Du premier signe de Cana (eau changée en vin) au deuxième signe de Cana (guérison du fils d'un intendant royal) (2 - 4), ce deuxième signe servant également de transition avec la 3ème partie (4, 46 - 54), - 3°) Jésus et les principales fêtes juives (5 - 10), - 4°) Jésus vit l'approche de son "Heure", Heure de sa mort et de sa gloire (11, 1 - 12, 36), - 5°) Conclusion du Livre des signes sur le ministère de Jésus et résumé de sa prédication (12, 37 - 50). Notre page se situe dans la toute 2ème partie de ce livre des signes, qui commence et se termine par un "signe" réalisé par Jésus à Cana de Galilée. Après avoir changé l'eau en vin à Cana à la requête de sa Mère, Jésus est monté à Jérusalem pour la fête Juive de la Pâque, il y a fait scandale en chassant du Temple les marchands et les changeurs qui y faisaient du commerce, ce qui l'a conduit à donner son message sur l'avenir du Temple, et c'est peu après cela qu'un Pharisien du nom de Nicodème vient le rencontrer de nuit. Notre page nous relate le cours de cette rencontre, qui sera suivie d'un parcours en Judée, puis de la remontée de Jésus vers la Galilée en traversant la Samarie, où il aura un long et important entretien avec une femme de ce pays en un lieu appelé "le puits de Jacob". Les manières de diviser cette rencontre de Jésus avec Nicodème varient selon les commentateurs : certains arrêtent cet entretien au verset 15, d'autres le prolongent jusqu'au verset 21, d'autres encore le situent dans un ensemble qui va de 3,1 à 3, 36 et qu'ils répartissent alors en 3 ou quatre parties, soit le dialogue de Jésus avec Nicodème (3, 1- 15 ou 3, 1- 21, les versets 16 - 21 étant considérés dans la première hypothèse comme un commentaire de l'Evangéliste distinct du dialogue), suivi d'un rappel de la mission de Jean Baptiste (3, 22 - 30), et d'un dernier commentaire, en forme de résumé, sur la mission de Jésus et son caractère unique d'envoyé ultime de Dieu (3, 31 - 36). Selon cette dernière façon de présenter cet ensemble 3, 1 - 36, notre page en constitue le dernier point de réflexion et la conclusion. |
Avec la venue de Jésus, le Fils envoyé par le Père, l'amour de Dieu pour le monde s'est manifesté, le salut de Dieu nous est proposé, comme une lumière offerte à notre accueil dans la foi, accueil qui implique de notre part un choix et une démarche de vérité, en fonction de laquelle le jugement de Dieu s'est accompli en notre faveur (3, 16 - 21). En conséquence, avec cette venue de Jésus, le Fils de l'homme, se joue la rencontre de deux mondes, le monde "d'en haut" et le monde terrestre. Il est donc logique que celui qui est "d'en haut'" parle le langage "d'en haut" et en communique le message à ceux qui sont de la terre, s'il vient à leur rencontre. Le Fils de l'homme, Jésus, témoigne donc pour nous de ce qu'il a vu et entendu "en haut". Nous, qui sommes "d'en bas", nous avons à accepter son témoignage, et reconnaître ainsi la vérité du message "d'en haut", c'est-à-dire de la Parole de Dieu, qui est Jésus lui-même en tout ce qu'il a vécu et exprimé, envoyé justement pour nous révéler son monde à lui, qui est le monde "d'en haut", et qui peut tout nous en dire, dans la mesure où "le Père a vraiment tout remis entre ses mains." Et cette vérité du monde de Dieu n'est visible qu'à travers la foi des croyants que nous sommes, et devons être davantage. |
Nous nous trouvons ici devant une constante de la manière dont Jésus se présente lui-même tout au long de cet Evangile de Jean. Il vient "d'en haut", il vient de Dieu, il est l'actualisation du Verbe fait chair, de Dieu qui a part à notre humanité pour que nous ayons part à sa divinité. Si l'on n'accepte pas son témoignage, la communication décisive et définitive avec Dieu ne peut se réaliser pour nous. Les difficultés que va rencontrer de plus en plus Jésus de la part des Juifs dans son ministère sont indiquées ici dans la mention que "personne n'accepte son témoignage". Or ce témoignage est sûr, parce que l'envoyé de Dieu, qu'il est, a reçu de Dieu tous les moyens nécessaires à sa mission, à savoir, en particulier, l'Esprit, c'est-à-dire la mentalité, la façon de voir, de Dieu, et cela sans limite. Notons la dimension totale et absolue du don reçu par le Fils : le Père a tout remis entre ses mains. Dans son grand discours du chapitre 5 de cet Evangile de Jean, suite à la guérison du paralytique de la piscine de Béthesda, Jésus expliquera et montrera tout ce que le Fils, qj'il est, a reçu de la surabondance du Père. Et, à plusieurs reprises, tout au long de cet Evangile, Jésus reviendra sur tout ce que le Père lui a donné (voir, par exemple, Jean, 5, 22. 26 - 27; 6, 37; 10, 29; 12, 49; 17, 2. 6. 8. 11. 12. 22). Une seule conclusion à tirer pour tout disciple de tout cela : croire au Fils, écouter sa Parole dans une attitude de confiance, entrer dans sa démarche. C'est là le seul moyen de recevoir la vie éternelle qu'il est venu nous annoncer et nous communiquer, c'est-à-dire la vie dans le monde de Dieu, le monde "d'en haut", où il a mission de nous conduire. Ici, encore à ce propos, dans la suite de l'Evangile, Jésus nous précisera qu'il est "le chemin, la Vérité et la Vie, et que nul ne va au Père que par lui" (Jean, 14, 6). C'est à prendre ou à laisser : la vie ainsi offerte à nous par Dieu, ou rien. |
Notre foi, c'est accepter de tout quitter, de sortir de notre monde pour entrer dans l'univers nouveau que Jésus nous propose, et dont il nous assure l'entrée par son propre "passage" pascal au Père dans le mystère de sa mort-résurrection-ascension. Tel est le défi qu'il nous lance. Mais il nous a donné la force d'y répondre, dans le don de son Esprit après sa résurrection. C'est pour cela qu'il a pu nous dire : "celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie" (5, 24). |
Seigneur Jésus, par toi Dieu est venu directement jusqu'à nous se faire le plus proche qu'il nous est possible d'imaginer, puisqu'il t'a envoyé "d'en haut" partager totalement notre existence en toutes ses dimensions, hormis le péché, et, face à cette démarche "d'en haut", il nous est simplement demandé de te reconnaître, de t'accueillir, et de nous laisser conduire par toi vers Dieu et la richesse de sa vie divine, avec une attitude de foi, c'est-à-dire de remise complète de nous-mêmes entre tes mains, de façon à pouvoir te suivre, marcher avec toi, et tout recevoir de cette richesse de Dieu que tu nous communiques : donne-moi de ne jamais manquer cette rencontre unique de Dieu par toi et en toi, et d'en apprécier sans cesse la surabondance, autant que la nécessité d'en vivre à tous les moments de mon parcours dans l'histoire de ce monde. AMEN |