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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

Jeudi 5ème semaine de Pâques - 1e lecture

DES ACTES DES APÔTRES :


Ac 15:7- Après une longue discussion, Pierre se leva et dit : " Frères, vous le savez : dès les premiers jours, Dieu m'a choisi parmi vous pour que les païens entendent de ma bouche la parole de la Bonne Nouvelle et embrassent la foi.
Ac 15:8- Et Dieu, qui connaît les cœurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant l'Esprit Saint tout comme à nous.
Ac 15:9- Et il n'a fait aucune distinction entre eux et nous, puisqu'il a purifié leur cœur par la foi.
Ac 15:10- Pourquoi donc maintenant tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n'avons eu la force de porter ?
Ac 15:11- D'ailleurs, c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, exactement comme eux. "
Ac 15:12- Alors toute l'assemblée fit silence. On écoutait Barnabé et Paul exposer tout ce que Dieu avait accompli par eux de signes et prodiges parmi les païens.
Ac 15:13- Quand ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole et dit : " Frères, écoutez-moi.
Ac 15:14- Syméon a exposé comment, dès le début, Dieu a pris soin de tirer d'entre les païens un peuple réservé à son Nom.
Ac 15:15- Ce qui concorde avec les paroles des Prophètes, puisqu'il est écrit :
Ac 15:16- Après cela je reviendrai et je relèverai la tente de David qui était tombée , je relèverai ses ruines et je la redresserai,
Ac 15:17- afin que le reste des hommes cherchent le Seigneur, ainsi que toutes les nations qui ont été consacrées à mon Nom, dit le Seigneur qui fait
Ac 15:18- connaître ces choses depuis des siècles.
Ac 15:19- " C'est pourquoi je juge, moi, qu'il ne faut pas tracasser ceux des païens qui se convertissent à Dieu.
Ac 15:20- Qu'on leur mande seulement de s'abstenir de ce qui a été souillé par les idoles, des unions illégitimes, des chairs étouffées et du sang.
Ac 15:21- Car depuis les temps anciens Moïse a dans chaque ville ses prédicateurs, qui le lisent dans les synagogues tous les jours de sabbat. "


POUR RUMINER LA PAROLE :

1. SITUATION.

Le Livre des Actes des Apôtres, écrit au cours des années 80 et après l'Evangile de Luc, dont il constitue la suite et un 2ème tome, nous offre le récit, unique dans tout le Nouveau Testament, du passage du message chrétien de la Palestine rurale au monde méditerrranéen gréco-latin fort urbanisé. Il a donc pour auteur celui qui a écrit l'Evangile dit de Luc, et il est dédicacé au même "Théophile".

Les spécialistes demeurent néanmoins fortement divisés sur l'attribution ou non de ce livre à Luc, le companion Antiochien de Paul (Colossiens, 4, 14 et Philémon, 23), qui, depuis une antiquité très ancienne, est considéré comme l'auteur de ce Livre des Actes, en raison particulièrement d'un certain nombre de passages de ce Livre où il raconte les événements en cours en employant le pluriel "Nous" (Actes, 15, 36 - 18, 28).

Il existe, en effet, de grandes différences entre le portrait de Paul, dans les Actes des Apôtres, et celui que l'on déduit d'une lecture attentive des lettres authentiques de Paul, et cela au point que l'on se demande comment Luc, s'il a été vraiment un companion de Paul et a écrit les Actes, ait pu brosser un tableau de l'apôtre Paul si différent de celui que nous découvrons par ailleurs. Même si l'attribution à Luc de ce Livre, et de l'Evangile qui le précède, semble demeurer la moins mauvaise hypothèse, on ne parvient pas à rendre compte d'une telle différence dans la présentation de la personnalité et des idées de l'apôtre Paul.

Ce Livre des Actes commence avec une introduction sur les tout premiers débuts de la communauté écclésiale (1, 1 - 26), puis il nous décrit la mission à Jérusalem (2, 1 - 5, 42), suivie de la mission au-delà de Jérusalem et de la Palestine même (réalisée pas les Héllénistes Juifs devenus chrétiens, puis suite à la conversion de Saül de Tarse, devenu Paul, une mission de Pierre auprès de païens et en terre païenne, le premier voyage de Paul et les problèmes liés à l'entrée de païens en grand nombre dans l'Eglise, dont a dû traiter l'Assemblée de Jérusalem : 6, 1 - 15, 35), enfin le rapprochement progressif de Paul vers Rome, où se termine le récit des Actes, après sa mission en Europe et à Ephèse, et son retour à Jérusalem où il est arrêté dans le Temple (15, 36 - 28, 31).



Une autre manière d'analyser le contenu des Actes des apôtres est d'en suivre le déroulement à la façon d'un drame en 4 actes : - ACTE 1 : L'Eglise à Jérusalem (2, 1 - 7, 60), - ACTE 2 : L'Eglise dispersée, en Samarie et à Antioche (8, 1 - 12, 25), - ACTE 3 : Paul le missionnaire (13, 1 - 21, 16), - ACTE 4 (Paul le prisonnier (21, 17 - 28, 35).

Selon cette présentation, nous en sommes maintenant dans l'ACTE 3, qui se déploie en 4 scènes : 1er voyage missionnaire de Paul (13, 1 - 14, 28), L'Assemblée apostolique de Jérusalem (15, 1 - 35), 2ème voyage missionnaire de Paul (15, 36 - 18, 23), 3ème voyage missionnaire de Paul (18, 24 - 21, 16).

Mais, si nous suivons la première répartition indiquée plus haut, avec notre passage se continue la grande partie des Actes, traitant de la mission qui se déroule hors de Jérusalem (6, 1 - 15, 35). Il y a d'abord été question des responsabilités et du témoignage des chrétiens d'origine Juive et de langue grecque, incluant le martyre d'Etienne, la persécution de ces disciples Héllénistes et leur dispersion, avec, comme conséquence, la prédication en Samarie de la Bonne Nouvelle de Jésus par Philippe (6, 1 - 8, 40).

Avec la conversion de Saül (Paul) , mis à part par le Seigneur pour porter son Nom auprès des païens (9, 1 - 20), une nouvelle étape se dessine. Mais, le Seigneur lui-même a décidé de préparer l'Eglise à cette nouvelle extension, en envoyant Pierre convertir le 1er païen, le centurion Corneille. Désormais, les choses s'accélèrent : des premières conversions de païens ont eu lieu à Antioche de Syrie, où Barnabé et Saül (Paul) accompagnent de leur enseignement une Eglise qui se développe très rapidement.

Après un voyage rapide à Jérusalem, où ils sont allés porter une aide financière des chrétiens d'Antioche, Paul et Barnabé ont été envoyés en mission à l'extérieur par l'Eglise d'Antioche, pour porter au loin la Bonne Nouvelle de Jésus : passant par l'île de Chypre et la Pamphylie, puis parvenus à Antioche de Pisidie, où Paul a prononcé un grand discours aux Juifs, ils ont poursuivi leur route par Iconium et Lystres jusqu'à Derbé, en opérant de nombreuses conversions, mais en se faisant chasser de plusieurs villes. et Paul étant même une fois quasi mortellement lapidé.

Après être repassés dans la plupart de ces villes sur leur chemin du retour, ils viennent de rejoindre leur point de départ, Antioche de Syrie, et ont rendu compte de leur mission à la communauté. Mais voilà que surgit un grand problème à devoir résoudre : comment situer ces païens devenus chrétiens face aux pratiques de la Loi Juive ? Et pour cela Paul et Barnabé s'en vont consulter à ce propos l'Eglise-mère de Jérusalem qui se réunit en Assemblée pour en traiter.


2. MESSAGE.

Suite à la conversion au message de Jésus d'un grand nombre de païens, l'ensemble des communautés se trouvent maintenant confrontées à un problème très important concernant le satut de ces chrétiens non-Juifs face aux traditions d'Israël toujours vécues et appliquées par les chrétiens d'origine Juive. Faut-il que les chrétiens d'origine païenne deviennent également Juifs pour être consifdérés comme des chrétiens à part entière (avec donc le rite de la circoncision et la pratique des obligations de la Loi de Moïse) ?

En d'autres termes, la foi en Jésus Ressuscité qui accomplit tout le projet de Dieu, qui est professée lors du baptême au Nom de Jésus et s'accompagne de la réception du don de l'Esprit Saint, ne suffirait-elle pas pour être sauvé ? Faut-il ajouter un "plus" à Jésus Ressuscité et au don de l'Esprit ? D'aucuns le prétendent, et des chrétiens d'origine Juive sont venus semer le trouble à Antioche à ce sujet.

D'où cette rencontre à Jérusalem, dont nous lisons le récit.

Après un long débat sur lequel nous n'avons pas de détails, sauf qu'il soit devenu vif, Pierre intervient pour régler une première question qui semble concerner la circoncision éventuelle des païens devenus chrétiens. Pierre rappelkle son expérience de la conversion du premier païen, le centurion Corneille, démarche qui lui avait été inspirée par Dieu, qui l'avait envoyé chez Corneille après une vision, et que Dieu avait confirmée en répandant l'Esprit Saint sur Corneille et les gens de sa maison.

Pierre tire les conclusions de cet événement (rapporté en Actes, 10, 1 - 11, 18) : il s'agit d'une volonté claire du Seigneur qui a purifié ces païens par la foi en Jésus Sauveur. Il n'y a donc plus, de ce point de vue, de différence entre chrétiens d'origine Juive et chrétiens d'origine païenne. Tous sont sauvés, au même titre, par la grâce de Dieu liée à la foi en Jésus. Ce serait donc provoquer Dieu que d'imposer à ces chrétiens d'origine païenne le joug des rites et des pratiques de la Loi Juive, dont l'histoire d'Israël atteste que les Juifs eux-mêmes n'ont pas su les vivre ni les pratiquer dans la fidélité.

Barnabé et Paul font alors le récit de leur mission, et de l'action que Dieu avait menée à travers leur ministère auprès des païens.

Jacques, le "cousin" (ou le "frère", selon l'interprétation qu'on donne à ce mot) du Seigneur, non pas l'un des Douze, et responsable de la communauté de Jérusalem, propose alors les conclusions de ce débat. Il parle dans le mêms sens que Pierre, en citant le prophète Amos, 9, 11 - 12.

Ensuite, abordant, semble-t-il, une question différente, celle du partage de repas communs entre chrétiens d'origine Juive et chrétiens d'origine païenne, il propose que l'on demande aux païens convertis à Jésus de ne pas se souiller au contact des idoles (c'est-à-dire de ne pas manger de viandes qui avaient été offertes aux idoles et qu'on pouvait ensuite acheter au marché), de ne pas engager d'unions illégitimes, et de ne pas manger de viandes dont on n'aurait pas vidé le sang.

La raison invoquée par Jacques est qu'il y a des Juifs partout dans le bassin méditerranéen, et qu'il faut leur montrer que la foi en Jésus permet des relations de convivialité entre chrétiens Juifs et non-Juifs, d'une part, ainsi qu'entre chrétiens d'origine païenne et Juifs, chrétiens ou non, d'autre part.

Suite à cette intervertion de Jacques, à laquelle l'Assemblée se rallie, une lettre directrice sera adressée à toutes les communautés chrétiennes.


3. DECOUVERTES.

Dans ce contexte Juif, Barnabé, converti avant Paul, est nommé le premier, et Jacques parle de "Siméon" quand il fait référence à Pierre.

Tout ce texte, avec également la suite du récit de cette Assemblée de Jérusalem, est à comparer avec ce que Paul en dit dans sa lettre aux Galates. Il nous y raconte, en particulier, l'incident d'Antioche, où il fit des remonstrances publiques à Pierre quand ce dernier avait quitté la table des chrétiens issus du paganisme pour aller manger avec des Judéo-chrétiens (Galates, 2, 11 - 14).

Il demeure difficile, malgré toutes les tentatives qui en ont été faites, d'harmoniser les deux récits, celui de Paul, et celui des Actes des Apôtres, concernant cette Assemblée de Jérusalem : dans le compte-rendu qu'il y fait de sa rencontre de Jérusalem, Paul ne fait allusion qu'au problème de la circoncision que certains voulaient imposer aux chrétiens issus du paganisme, et n'aborde pas du tout la question des repas pris en commun (Galates, 2, 1 - 10).

En effet, c'est bien un second point de friction que mentionne Jacques dans les quelques exigences qu'il souhaite que l'on demande aux convertis du paganisme : celui du partage des repas entre chrétiens d'origine Juive et chrétiens d'origine païenne, compte-tenu du fait que les Judéo-chrétiens se soumettaient toujours aux pratiques du Judaïsme tout en étant chrétiens.

Par les grandes lettres de Paul (Romains 14 et 1 Corinthiens, 8 et 10), nous savons que sa position sur ce problème était bien différente, manifestant une très grande ouverture : les chrétiens d'origine païenne peuvent manger de tout ce qu'ils achètent au marché, sans se poser des questions de conscience, car la terre, et tout ce qu'elle contient, appartient au Seigneur (1 Corinthiens, 10, 25 - 26).

Luc lui-même, en Actes, 21, 26, nous raconte une rencontre bien plus tardive de Paul et Jacques à Jérusalem, au cours de laquelle Jacques explique à Paul les décisions prises en cette Assemblée de Jérusalem, et communiquées aux commmunautés chrétiennes, comme si Paul n'avait pas été témoin de cette prise de décision.

On a constaté un certain nombre d'incohérences çà et là dans les Actes, et que beaucoup expliquent par le souci constant de Luc de nous transmettre un portrait quasi idyllique de l'Eglise apostolique sous la conduite de l'Esprit. Il n'hésite pas à faire dire à l'Assemblée de Jérusalem, dans le texte de la lettre à envoyer aux Eglises suite à cette réunion : "l'Esprit Saint et nous-mêmes, avons décidé..." (15, 28).

A noter que Paul ne fait jamais allusion, dans ses propres lettres, à l'existence d'une telle lettre envoyée depuis Jérusalem suite à cette Assemblée. Luc a dû, semble-t-il, styliser et idéaliser cet événement qui n'en demeure pas moins très important dans la vie de l'Eglise apostolique.


4. PROLONGEMENT.

Ce qui a été la première et la plus grande crise de l'Eglise au cours de son histoire, vu l'importance de savoir si l'Eglise était le nouveau peuple de Dieu fondé sur le mystère pascal de Jésus, accomplissant toute l'histoire d'Israël, ou simplement une branche particulière du Judaïsme, cela peut-il être encore de quelque intérêt pour notre vie de chrétiens du 21ème siècle ? Oui, en ce sens que la tentation peut demeurer pour nous d'ajouter quelque chose à Jésus, de dire : "être chrétien, c'est adhérer à Jésus Christ", "plus" autre chose, cet autre chose pouvant être tout ce que nous édifions dans nos programmes spirituels, même les meilleurs.

S'il y a pluralisme normal et souhaitable dans nos communautés d'Eglise, ce n'est pas sous la forme de Jésus Christ "plus" quelque chose, que ce soit du passé (comme la Loi Juive), ou du futur (comme nos adaptations écclésiales face à la modernité). Ce ne peut exister que sous la forme " il n'y a que Jésus Christ", à travers nos expressions plus ou moins originales de styles de vie chrétienne, d'engagements, de formes de témoignage, etc., mais qui ne touchent rien à l'aspect central de notre foi partagée, en deçà de ces originalités et diversités légitimes, sur l'unique voie de salut qu'est Jésus en son mystère pascal.

Car "il n'y aura jamsis d'autre Nom donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés" que le Nom de Jésus Christ crucifié-ressuscité-donnant l'Esprit, pour ceux qui acceptent de le suivre dans la foi. Tout le reste est "superstructure" d'expression qui, tout en étant très importante, n'en demeure pas moins, en soi, tout-à-fait "secondaire" face au mystère central de Jésus.




Seigneur Jésus,
en nous faisant découvrir l'aspect unique et central de ton "OUI" au Père
qui t'a fait prendre tous les risques pour toujours vivre ta mission en vérité,
ce qui t'a conduit à mourir sur une croix,
tu nous indiques, de la façon la plus claire,
qu'il n'y a pas et n'y aura plus jamais d'autre chemin que toi pour rejoindre le Père,
qui se rend, par toi, présent au coeur de nos vies :
fais-moi mesurer toute l'importance de cette rencontre du Père,
en te voyant agir et en t'écoutant parler dans les récits évangéliques,
et donne-moi la foi qui me rend disponible
à tout ce que tu as ainsi dit et vécu pour nous obtenir le salut et l'intimité avec Dieu. AMEN.
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