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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

Jour de Pâques C

Semaine Sainte et Temps pascal C - Jour de Pâques :
Jean 20, 1-9 et les 2 premières lectures


L'événement de Pâques est un événement qui nous échappe, dont nous n'avons pas de preuves historiques, évidentes, que Jésus ressuscité est visible, trouvable, vivant comme nous dans ce monde. Si cette preuve était là, tous les hommes devraient le reconnaître, ce serait une évidence - aussi évidence que le soleil tourne dans le ciel au-dessus de nos têtes, et que les étoiles sont là pour illuminer nos nuits.

Alors, sommes-nous des naïfs ?

La grande preuve que le Christ est ressuscité d'entre les morts, c'est nous, aujourd'hui.

Comment expliquer, en effet, du point de vue de l'histoire, sans qu'on voit le Ressuscité, comment expliquer en lisant les Evangiles, que les disciples qui l'avaient suivi sans comprendre ce qu'il disait, sans croire vraiment en lui, qui ont été dispersés par sa passion, choqués, détruits en quelque sorte, pensant que Jésus serait un Messie qui allait restaurer le royaume d'Israël. Et qui ont été encore plus choqués par les événements du jour de Pâques : un tombeau vide, suivi d'apparitions, suivi de témoignages… Comment se fait-il que 25 ans après la mort de Jésus, il y avait des communautés de croyants au Christ ressuscité à travers tout l'empire romain ? Et comment se fait-il qu'aujourd'hui, le tiers de l'humanité - près de 2 milliards d'hommes, toutes confessions chrétiennes confondues - célèbre aujourd'hui le Christ ressuscité ? Il y a un milliard 250 millions de catholiques, il y a 500 millions d'évangéliques, il y a , ,400 millions d'orthodoxes, anglicans et autres...…On est près des 2 milliards. Comment se fait-il ? Nous sommes la preuve du Ressuscité.

Mais si nous sommes la preuve du Ressuscité, c'est que ça part de quelque chose, ça part du témoignage d'un petit nombre d'hommes et de femmes qui ont accompagné Jésus dans sa vie, qui ont été choqués, détruits par sa passion - qui ont été choqués de nouveau par sa résurrection ; et qui, au terme de cette résurrection, ont reçu une force intérieure, qu'on appelle l'Esprit Saint, qui les a totalement transformés ; et qui a fait de ces trouillards, de ces peureux, des gens qui étaient prêts à tout, et qui disaient : nous avons trouvé le Seigneur. Et nous sommes, aujourd'hui, leurs héritiers. Et c'est parce que ces gens-là ont fondé des communautés de croyants, ont transmis leur témoignage à des générations depuis 2000 ans, ce témoignage que leurs premiers disciples à eux ont mis par écrit dans le Nouveau Testament - cette Bible que nous avons - c'est pour cela que nous sommes ici.

Donc, si le Christ échappe à nos regards, c'est parce que Dieu échappe à nos regards ; c'est parce qu'au-delà de ce monde visible qu'on touche, qu'on voit, qu'on sent, qu'on palpe, qu'on goûte, qu'on respire, il y a d'autres valeurs, un au-delà où se trouve Dieu et où le Christ ressuscité, avec son corps transfiguré, se trouve aujourd'hui, et où nous sommes appelés à nous trouver avec lui, dans un autre monde, quand l'histoire de ce monde sera terminée - notre histoire personnelle d'une part, et plus tard l'histoire de toute l'humanité.

L'Eglise, pour célébrer cela, nous offre trois aspects de la résurrection de Jésus, dans ces trois lectures - trois aspects importants. La résurrection de Jésus, c'est une découverte, c'est une annonce, c'est une rencontre, c'est une expérience.

Dans les trois lectures que nous avons, il n'est pas question de la rencontre. La rencontre, ce sont les apparitions du Ressuscité qui se rend présent quand il veut, à ses disciples. Il se fait reconnaître par des signes, car il n'est plus de ce monde, tout en étant en continuité avec sa vie terrestre.

La découverte, ...

... c'est l'Evangile qui vient de nous être lu. Jésus avait été mis au tombeau, c'est la grande catastrophe chez les disciples, dans leur communauté divisée et séparée, ils ont tous fui ; seules quelques femmes l'ont accompagné. Le 3ème jour, le sabbat étant terminé, on va au cimetière. Marie-Madeleine va au cimetière. Et voilà que la pierre est enlevée du tombeau. Qu'est-ce qui s'est passé ?

La seule possibilité humaine, c'est qu'on ait volé le corps. Et il est clair, dans tous les textes de l'Evangile, que le tombeau est vide. Et la seule explication humaine - que Matthieu rapportera dans son Evangile, 60 ans après la mort de Jésus : les juifs, qui ne croient pas, diront " on a volé son corps " - ça veut dire que le corps n'était plus là. C'est le seul fait géographique, matériel. On avait déposé un cadavre dans un tombeau ; le cadavre n'y est plus.

Marie-Madeleine, affolée, va chercher les disciples, Pierre, et puis l'autre disciple anonyme qui a écrit l'Evangile que nous lisons, le disciple que Jésus aimait - et ils vont voir. Pierre entre dans le tombeau le premier, voit que le linceul est resté là. Question : pourquoi le linceul est-il resté là, si on a volé le corps ? L'autre disciple entre, il voit les choses de plus près : le linge qui avait recouvert la tête de Jésus, roulé à part, le linceul resté là… " Il vit et il crut ".

Pourquoi a-t-il cru ? Parce qu'il est dans la continuité ; il est le seul qui n'avait pas fui lors de la passion de Jésus ; il est le seul qui avait assisté à la mort de Jésus, à la croix, auprès de Marie, la mère de Jésus ; il est le seul qui ait vu la mise au tombeau de Jésus dont on avait enrobé le corps de 100 livres d'ongant, à la façon d'ensevelir les mort, selon cette tradition de Jean. Et c'est lui qui voit que les linges sont là. Si on a volé le corps, on ne l'a pas désemmailloté - pardonnez-moi l'expression - ce n'est pas possible. Il est immédiatement choqué, saisi, et il se rappelle probablement les choses que Jésus avait dites. Il vit et il crut.

Ce qui veut dire pour nous, les chrétiens d'aujourd'hui, qui ne sommes pas ces premiers témoins - nous sommes les héritiers de ces témoins - nous avons à raviver notre foi par les signes que nous voyons. Les signes. Quels sont les signes que Jésus est vivant aujourd'hui, pour nous ? Jésus les a indiqués, ces signes : ce sont les disciples, ce sont les autres. " A ce signe on reconnaitra que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres comme je vous ai aimés. " Nous avons besoin de ces signes, pour croire. Et pour célébrer Jésus, nous avons besoin du signe de l'eau. Jésus a donné l'eau vive (bénite cette nuit), il est la lumière (regardons le ciere pascal et toutes ces limières qi jous représentent) , la vie (les fleurs parmi nous signalent la vie), la Parole (que nous transmet le livre des Ecritures), l'Homme nouveau (des icones de la Résurrection et de la Transfiguration)… Nous avons besoin de ces signes pour nous interroger sur notre foi au Christ ressuscité.

Ou nous sommes des naïfs, ou nous sommes des croyants. Ce qui serait gênant, c'est l'entre deux : de faux croyants, à moitié tièdes, banalisés… Est-ce que notre foi est renforcée par ces signes ? Mais le signe le plus important, c'est celui qui nous est donné par nos frères, et celui que nous leur donnons. Comment pouvez-vous expliquer - on a bien vu à la télévision, à la radio - comment expliquer l'impact d'un homme comme l'Abbé Pierre, qui avait donné tous ses biens aux pauvres, qui a passé toute sa vie à mettre des hommes debout… s'il n'y avait pas derrière cet homme, au cœur de cet homme, la conviction que quelqu'un le guidait, Jésus ressuscité ? Et ces signes là parlent. Est-ce que nous sommes ces signes ? Dans la continuité de notre foi, depuis l'Evangile jusqu'à nous, c'est l'amour fraternel qui est notre signe.

Donc, la découverte. Nous avons à redécouvrir tous les jours.

Ensuite, il y a l'annonce.

L'annonce, c'est la 1ère lecture. Pierre, qui avait eu si peur, qui avait renié Jésus - Pierre qui ne croira pas vraiment avant que l'Esprit Saint soit donné le soir de Pâques (dans saint Jean) ou à la Pentecôte (dans saint Luc, dans les Actes des Apôtres) - Pierre proclame chez les païens, devenus chrétiens, devant un centurion de l'armée romaine qu'il va baptiser, il annonce que Jésus est venu, Dieu l'a envoyé, il a prêché, il s'est manifesté comme étant l'homme du cœur, qui sauve, qui met les autres debout dans leur conscience, qui va annoncer que Dieu était avec eux, que la fin des temps était arrivée, que le Règne de Dieu était commencé, il a mis contre lui tout le monde parce qu'il a demandé qu'on ne reste pas à des rites extérieurs mais qu'on vive la vérité du cœur ; on l'a condamné, on l'a crucifié, mais Dieu l'a ressuscité le 3ème jour… Voilà le message, l'annonce. L'annonce, nous l'avons ici.

Mais si nous sommes disciples, nous avons à l'annoncer. Bien sûr, nous pouvons l'annoncer par le geste du signe de l'amour. Mais nous devons l'annoncer par le " rendre compte aux autres ". Le chrétien est celui qui vit d'une certaine manière, qui ne se compromet pas n'importe comment, qui vit selon les convictions que Jésus est avec lui dans son cœur, qui vit à la façon de Jésus ; et quand on lui dit : mais pourquoi tu fais ça ? Le message doit sortir : " je suis disciple de quelqu'un qui s'appelle Jésus le Christ, en qui Dieu s'est manifesté dans notre humanité, une fois pour toutes, qui a risqué sa vie pour nous montrer ce que c'était que de dire oui à Dieu et dire oui à ses frères, aimait Dieu et aimait ses frères, et qui habite ma vie. Il est ressuscité, il est vivant. " Nous devons témoigner, annoncer.

Et puis, la 3ère lecture - qui était la seconde qui a été proclamée - nous montre la conséquence, dans notre expérience de croyants.

Cette conséquence, que nous célébrons aujourd'hui : notre baptême. La résurrection nous est transmise comme une vie nouvelle, une résurrection qui est commencée pour nous. La résurrection, ce n'est pas un fait de la matière, c'est un fait de l'esprit qui transfigure toutes les valeurs du monde - y compris la matière.

Saint Paul écrit aux Colossiens : " Vous êtes ressuscités avec le Christ. " Dans le baptême, nous sommes ressuscités avec le Christ. Dans le baptême, tel qu'il était d'abord pratiqué dans l'Eglise primitive - qui a été simplifié dans le rationalisme occidental que nous vivons pour devenir un geste d'eau sur la tête - le baptême qui était l'immersion dans la piscine pour disparaître sous l'eau, pour ensuite ressortir, signifiait que dès qu'on se convertit à Jésus Christ, on meurt au vieil homme que nous sommes (la plongée dans l'eau du tombeau), on ressuscite à l'homme nouveau dans le Christ ressuscité (la remontée de l'immersion et la vêture du vêtment blanc d ela lumière).

Nous sommes devenus des fils de Dieu, nous ne sommes plus des pécheurs, nous sommes des saints. C'est ce qui nous est donné. L'Eglise se rassemble, rassemble ses saints que nous sommes, pour écouter la Parole et pour partager ce que le Christ a vécu, dans le partage de son corps et de son sang dans l'Eucharistie. " Vous êtes morts avec le Christ, notre vie est cachée avec le Christ en Dieu. "

Conséquence : est-ce que nous sommes ces porteurs d'une vie rayonnante qui doit changer le monde ? La résurrection est commencée. Nous ne sommes pas dans la cage du monde où il y a un mur devant. Nous sommes devant le monde ouvert. Il faut passer de ce monde à Dieu. La résurrection commencée nous fait passer aujourd'hui d'une vie d'homme qui risque de se cantonner dans ses limites à une vie pleine d'espérance qui dépasse toute chose.

Donc, nous avons à nous interroger sur les prisons que nous nous donnons : les prisons du confort, les prisons de nos projets ramenés à nous-mêmes, les prisons de notre orgueil, les prisons de notre réussite… Pour être ressuscités avec le Christ, il faut être pauvre comme Jésus, prêt à tout comme Jésus, disponible à Dieu comme Jésus, capable de passer avec Dieu comme Jésus.

Voilà l'enjeu. Découverte, annonce, transformation, transfiguration. La vie éternelle est déjà commencée.

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