13 Octobre 2009
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La Lettre aux Romains est la plus longue, la plus importante et la mieux structurée des lettres de Paul. Son interprétation a été décisive dans les grands moments de crise de l'Eglise, surtout au 5ème siècle (face à l'hérésie du moine Pélage : l'homme gagne son salut par son effort personnel), et au 16ème siècle (Luther et Calvin se séparent de Rome). C.est à partir de leur relecture de la Lettre aux Romains que les Réformés et les Luthériens du 16ème siècle ont formulé leurs thèses sur le salut de Dieu par la grâce acceptée dans la foi. Cette lettre a été écrite par Paul lui-même (en la dictant à un secrétaire-écrivain) au printemps de 57 ou de 58, et probablement depuis Corinthe. On n'a jamais mis en doute son authenticité. Paul estime avoir terminé son oeuvre apostolique en Orient. Il forme donc le projet de passer par Rome pour aller en Espagne (15, 19 - 31).Il envoie donc d'avance aux chrétiens de Rome ce qui représente le coeur de sa prédication et de son Evangile. En effet, cette Lettre aborde en profondeur les points les plus centraux du message chrétien : la puissance du salut de Dieu, présenté comme une grâce à recevoir dans la foi, pour en être transformé. C'est une vie avec le Christ ressuscité, mais marquée par l'événement suprême du dessein de salut de Dieu que constituent enemble la prédication, le témoignage, la mort et la résurrection de Jésus. L'Esprit Saint que nous avons reçu insère en nous toute la richesse de vie et de nouveauté, qui est le fruit de cet événement unique. Cet enseignement à la fois général, et sans doute adapté à des circonstances particulières de l'Eglise de Rome, se réalise en deux parties : - l'une doctrinale (1 - 11), - l'autre exhortative, pour encourager à une manière de vivre avec et selon le Christ, et qui traite de différents aspects de notre existence humaine (12 - 16). La partie proprement doctrinale de la Lettre de Paul aux Romains (1, 16 - 11, 36), qui commence dès la fin des présentations (1, 1 - 15), est toute entière consacrée à la Bonne Nouvelle ou l'Evangile de Dieu qui nous vient de notre Seigneur Jésus le Christ. Paul développe d'abord une 1ère série d'arguments autour d'un 1er thème, et que l'on peut intituler ainsi : "La justice de Dieu nous est révélée par l'Evangile comme force de justice pour qui l'accueille avec foi" (1, 16 - 4, 25). Ce thème est successivement : annoncé (l'Evangile comme source du salut, pour tous, révélant la justice de Dieu : 1, 16 - 17), puis expliqué de façon négative (sans cet Evangile de Dieu, la colère de Dieu se manifeste à l'encontre de tous les êtres humains (1, 18 - 3, 20). Ce thème sera ensuite développé de façon positive (la justice de Dieu est révélée par le Christ, et reçue dans la foi : 3, 21 - 31), avant d'être illustré par l'exemple d'Abraham (qui a été rendu juste par la foi : 4, 1 - 25). |
2. MESSAGE. Cette page s'inscrit dans la discussion que Paul tient avec nous. Il nous explique que, sans l'Evangile, ni les Juifs ni les païens ne peuvent parvenir à une rectitude ou à une justice morale (1,18 - 3, 20). Laissés à eux-mêmes, les païens du monde Grec n'ont pas réussi à reconnaître Dieu et sont tombés dans la décrépitude morale (1, 18 - 22). Cela dit, Paul se tourne maintenant vers son lecteur "imaginaire " (Juif ou chrétien), qui reconnaît, comme Paul, l'échec moral des païens. Mais, constate l'apôtre, celui qui condamne ainsi les païens doit reconnaître qu'il n'est, ni ne fait, mieux qu'eux. La connaissance de Dieu que nous avons peut être supérieure à celle des païens, nous ne vivons pas mieux pour autant et ne sommes pas plus dispensés qu'eux du Jugement de Dieu. Une seule attitude s'offre donc à tout homme, quel qu'il soit, Juif ou païen : se convertir à Dieu et essayer de vivre bien. Car Dieu est souverainement juste. Il rend à chacun selon ses oeuvres : la vie éternelle pour quiconque cherche à faire le bien selon la vérité et la justice, détresse et angoisse pour quiconque commet le mal. Il est important de noter à quel point Dieu nous est présenté ici comme le Juge parfaitement objectif qui ne fait pas acception de personnes, et qui agit selon une impartialité absolue. Les Juifs ne sont donc pas mieux lotis que les païens, s'ils ne font pas ce qui est attendu d'eux. |
3. DECOUVERTES. De quel "jugement" de Dieu s'agit-il au verset 2 ? Le terme grec utilisé par Paul peut signifier "procès", "décision de justice", ou encore, comme c'est le cas ici, "condamnation". Qui sommes-nous pour juger nos frères et soeurs, les femmes et les hommes de ce monde, quels qu'ils soient ? Nous savons bien que nous ne sommes jamais parfaits ni sans reproche et que, finalement, nous ne pouvons pas dire que nous vivons mieux qu'eux. Rappelons-nous les consignes de Jésus, accompagnées de l'image de la "paille" que nous discernons dans l'oeil du frère, et de la"poutre" dont nous ne voyons pas qu'elle obscurcit notre oeil : "Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés" (Matthieu, 7, 1 - 5). |
Devant le regard totalement vrai et objectif de Dieu, qui nous scrute au plus profond de nous-mêmes (psaume 139), nous sommes d'abord renvoyés à notre conscience, dont Paul nous dit qu'il ne suffit pas qu'elle ne nous reproche rien : 1Co 4:4- Ma conscience, il est vrai, ne me reproche rien, mais je n'en suis pas justifié pour autant; mon juge, c'est le Seigneur. D'autre part, selon la Parole même de Jésus, la foi crée en nous la différence face au jugement de Dieu : |
Seigneur Jésus, tu nous renvoies à nos responsabilités de croyants, qui, pour avoir découvert la miséricorde gratuite de Dieu à leur égard, se trouvent invités en permanence à l'humilité et à la pauvreté du coeur, ce qui interdit tout regard de puissance ou de domination, et donc de jugement, sur quiconque : renouvelle en moi cette attitude profonde de vérité et de diisponibilité à l'oeuvre de Dieu en ma vie, que tu as accomplie en ta mort-résurrection et que tu me transmets comme un don de ton Esprit Saint, purifie mon coeur de toute recherche de moi-même, et apprends-moi à renoncer à toute forme de pouvoir que je serais tenté d'exercer. AMEN. |