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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

Samedi 3ème semaine carême - Evangile

DE L'EVANGILE DE LUC :


Lc 18:9- Il dit encore, à l'adresse de certains qui se flattaient d'être des justes et n'avaient que mépris pour les autres, la parabole que voici :
Lc 18:10- " Deux hommes montèrent au Temple pour prier ; l'un était Pharisien et l'autre publicain.
Lc 18:11- Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : "Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain ;
Lc 18:12- je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que j'acquiers. "
Lc 18:13- Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant : "Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! "
Lc 18:14- Je vous le dis : ce dernier descendit chez lui justifié, l'autre non. Car tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé. "


POUR RUMINER LA PAROLE :

1. SITUATION.

Luc est l'auteur d'une oeuvre en deux volumes qui se suivent, et sont écrits pour être lus en suivant : l'Evangile, et les Actes des Apôtres. Luc nous est régulièrement présenté comme disciple et accompagnateur de Paul, bien que nous ne trouvions rien dans son oeuvre des grands thèmes théologiques développés dans les Epîtres de Paul.

Luc a écrit ses 2 Livres entre les années 80 et 90 de notre ère, soit plus de 50 ans après la mort de Jésus, 30 ans après les lettres authentiques de Paul, et quelque 20 ans après l'Evangile de Marc. Ce qui ne veut pas dire que les traditions qu'il reprend ne sont pas aussi anciennes que celles de ceux qui ont écrit avant lui. Cela indique toutefois qu'il s'adresse à des communautés chrétiennes déjà différentes, pour leur annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus.

Son Evangile se déroule en huit étapes :

- un Prologue (Luc, 1, 1 - 4) au destinataire de cet Evangile, un certain Théophile, dont nous ne savons rien par ailleurs, Prologue auquel fait écho le Prologue des Actes des Apôtres (Actes, 1, 1 - 5).
- un résumé de toute la Bonne Nouvelle de Jésus, en qui toutes les promesses de Dieu sont accomplies, autour du thème de son Enfance (Luc, 1, 5 - 2, 52).
- la préparation de son ministère public (Luc, 3, 1 - 4, 13).
- le ministère de Jésus en Galilée (Luc, 4, 14 - 9, 50).
- le voyage de Jésus vers Jérusalem (Luc, 9, 51 - 19, 27).
- le rejet de Jésus par Jérusalem (Luc, 19, 28 - 21, 38).
- le dernier repas de Jésus et sa mise au rang des pécheurs dans sa condamnation et son éxécution (Luc, 22, 1 - 23, 56a).
- la victoire décisive de Jésus, sa promesse de l'Esprit et son ascension (Luc, 23, 56b - 24, 53).



Nous approchons de la fin de la montée de Jésus vers Jérusalem avec ses disciples qu'il instruit.


2. MESSAGE.

Cette Parabole du Pharisien et du Publicain, propre à Luc, s'inscrit dans un enseignement de Jésus, dans lequel il montre à ses disciples qu'ils doivent plutôt dépendre de Dieu que d'eux-mêmes et de leurs bonnes oeuvres, pour recevoir le salut de Dieu.

Dans le paragraphe suivant, Jésus bénit très volontiers les enfants qu'on lui amène, et que ses disciples veulent écarter. Jésus les invite alors à devenir semblables à ces enfants pour accueillir le Règne de Dieu, attitude qui est toute à l'opposé de celle du Pharisien de notre Parabole.

Cette parabole appartient à la catégorie des "histoires qui nous proposent des attitudes à adopter". Jésus nous invite manifestement ici à nous situer devant Dieu à la façon du Publicain. A la cour de Justice de Dieu, le Publicain, pécheur public, est justifié, parce qu'il a reconnu avoir besoin de la miséricorde de Dieu, et exprime un profond regret pour ses péchés.

A l'inverse, le Pharisien se comporte comme n'ayant pas besoin d'être justifié par le don gratuit de Dieu, car il s'est justifié lui-même. Il n'est donc pas "acquitté" à la cour de Justice du Seigneur.


3. DECOUVERTES.

Depuis le début de son Evangile, Luc pose la question "Qui est juste ou non devant Dieu ?" Il n'hésite pas à dire, en formules tranchantes, qu'il n'est pas venu appeler les justes, mais les pécheurs (Luc, 5, 32), ou qu'il y a plus de joie au ciel pour "1" pécheur qui se convertit que pour "99" justes qui n'ont pas besoin de pénitence (Luc, 15, 7).

Dans le message que Luc nous transmet, d'une part, Jésus répond que la sûreté d'avoir accompli de bonnes oeuvres ne suffit pas, qu'il faut produire, comme Jésus, des fruits de justice selon Dieu. D'autre part, l'Evangile de Luc nous montre bien que Dieu a exalté le juste souffrant, l'innocent par excellence, que représente Jésus

Paul répond à la même question en utilisant le thème de la foi qui remplace la Loi, ainsi que le thème de Jésus crucifié, acteur et révélateur de la miséricorde justifiante de Dieu.

La conviction d'être juste, que manifeste le Pharisien de cette histoire, le pousse à mépriser les autres, qui vivent autrement que lui. Pour Jésus, mépriser les autres, ou se moquer d'eux, est une attitude qu'il condamne, et dont il sera lui-même victime en sa passion lorsque Pilate le renverra à Hérode (Luc, 23, 11). Jésus ne rejette pas les bonnes oeuvres qu'accomplit ce Pharisien en accord avec les règles de son groupe, et ne le déclare pas non plus "hypocrite". Cet homme a tort de se séparer des autres hommes et de se mettre à part, comme méritant un statut particulier, dû à la conduite de sa vie. D'autre part, il n'a pas besoin de la miséricorde de Dieu.

A l'inverse, le Publicain, en se reconnaissant pécheur, et en faisant appel à la miséricorde de Dieu, crée en quelque sorte un pont entre lui et Dieu, avec lequel il se met en contact dans la confiance et la remise de soi. Il est donc nettement plus ouvert à Dieu que le Pharisien, sans pour autant nous donner la preuve qu'il a décidé de changer de vie.

Cette parabole semble viser un cas particulier, et non pas l'ensemble des Pharisiens comme tels. Les disciples de Jésus ne courent-ils pas également le risque de reproduire l'attitude de ce Pharisien et d'exclure ceux qui ne sont pas "comme eux", comme l'épisode suivant de leur rejet des enfants le prouve à sa façon ?


4. PROLONGEMENT.

Dans le mystère pascal du Christ crucifié-ressuscité-donnant l'Esprit, Dieu nous offre de devenir "justes" comme Jésus.

Notre accueil de ce don suprême suppose que nous nous en reconnaissions indignes, et dans le besoin nécessaire de cette miséricorde de Dieu.

Il nous faut nous tourner vers lui, nous remettre, par Jésus, et comme Jésus, entre ses mains, et nous laisser, par Jésus et dans l'Eglise, nous réconcilier avec lui (2 Corinthiens, 5, 17 - 21).



Seigneur Jésus,
lorsque tu rends grâces au Père en ta prière,
c'est pour avoir caché les mystères du Royaume aux sages et aux puissants
et les avoir révélés aux tout-petits, c'est-à-dire à ceux qui sont
suffisamment pauvres d'eux-mêmes pour se reconnaître
en "manque" face à Dieu, et ainsi disposés à accueillir comme un don
l'annonce et la communication du salut de Dieu :
aide-moi à savoir repousser toute tentation de ressembler au "Pharisien"
que tu nous décris dans ta parabole, en refusant d'être satisfait de moi-même
dans ma relation à toi, et ma pratique, toujours insuffisante,
de ta Parole et de l'imitation de ta manière de vivre dans la vérité totale,
ainsi qu'en évitant de me comparer à mes frères et soeurs pour les juger,
les regarder de haut, et, à plus forte raison, les mépriser. AMEN.
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