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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

Temps ordinaire - 19ème Dimanche C :


Luc 12, 32-48




Toujours dans sa montée vers Jérusalem - c'est un long temps de l'Evangile de Luc qui remplit 10 chapitres - Jésus nous livre ses propos, répond à des situations. Et nous avons aujourd'hui un ensemble de paroles qui ont été regroupées là par l'évangéliste Luc, qui n'ont peut-être pas été dites en même temps, puisque les autres Evangiles les rapportent séparées, à des moments différents. Mais cela nous importe peu.

Et je pense que nous avons à première vue, dans ce texte, un triple message.


1er message :

" Le Père a trouvé bon de vous donner le Royaume " : nous avons reçu un cadeau de Dieu ; c'est plus important que tout. " Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône " : ça change votre vie, c'est le trésor - et il n'y en a qu'un. Première parole de Jésus que l'on peut retenir rapidement. Tout est grâce dans notre vie, le salut ne se mérite pas, c'est un don gratuit de Dieu. C'est une des bases de notre foi. On ne gagne pas son ciel à force de mérites ou à force d'efforts, on reçoit tout gratuitement de Dieu, sans jamais l'avoir mérité.


Encore faut-il l'accueillir - et c'est le 2ème message...

...que Jésus nous donne et que nous pouvons aussi regarder rapidement. Jésus, c'est la fin des temps, il est le Fils de l'homme - ainsi qu'il se définit toujours. Le Fils de l'homme est une figure biblique qui était celle de la fin totale du temps, la manifestation totale du Règne de Dieu. Et Jésus vient dans l'histoire des hommes, dire, en se désignant toujours à la 3ème personne, comme s'il s'agiddait d'un autre : " Je suis maintenant, déjà, le Fils de l'homme. " Et le Fils de l'homme, c'est quelqu'un qui passe dans notre vie. Jésus est passé sur les routes de Galilée ; et il passe dans notre vie par l'Esprit Saint ; et il passera dans notre vie pour la vie éternelle.

Et le message de cette 2ème parole de Jésus, c'est de nous dire : le passage du Fils de l'homme ne se programme pas, on le reçoit. Et pour le recevoir, il faut l'attendre ; et pour l'attendre, il faut être prêt chaque jour ; l'attendre maintenant, l'attendre demain, l'attendre à la fin de notre vie. Ce n'est pas un texte qui concerne seulement notre mort. On caricature facilement l'Ecriture ; on ne programme pas le passage du Christ aujourd'hui dans notre vie, ce qu'il nous demandera. Nos frères qui passent sont son visage, ils sont son passage. Tel homme, telle femme, tel membre de notre famille, tel membre de notre communauté sera pour nous le passage du Christ. On ne programme pas, on accueille. 2ème message.


3ème message :

on est chargé de l'Evangile pour nos frères. Pierre pose une question. Ce sont les disciples de Jésus qui l'entourent et qui sont chargés, déjà - et qui vont l'être encore davantage après la résurrection de Jésus - de proclamer sa parole. Cette remarque de Pierre et la réponse de Jésus ne visent pas seulement les chefs d'églises, elles visent chacun des chrétiens. Nous sommes chargés de la Parole de Dieu pour nos frères ; donc, nous sommes chargés de nos frères.

Comment ? Eh bien pour les encourager, pour être des serviteurs qui mettent debout, ceux qui aiment, ceux qui rayonnent - et pas ceux qui agissent en chefs et qui écrasent et qui prennent le pouvoir. Bien sûr, cela vaut également pour les responsables d'Eglise qui se sont constituées à la fin du premier siècle après JC. Mais à l'époque où Jésus parle, il vise ses disciples immédiats qui vont être les résonateurs de sa Parole.

On est chargés de nos frères pour les encourager - et rien d'autre. Donc, on est des serviteurs. Et on aura à rendre compte, dès maintenant dans nos communautés, et devant le Christ qui habite nos cœurs et qui habitent nos communautés. Nous avons à rendre compte de la manière dont nous traitons nos frères, en serviteurs de l'Evangile, encourageant, mettant debout…

Voilà, on pourrait dire, une première approche de cet Evangile. Tout est grâce - le Christ passe sans cesse dans notre vie, et nous avons à l'accueillir sans programmer son passage - et puis, nous sommes chargés de nos frères comme des serviteurs responsables, vraiment serviteurs, et jamais chefs.


Pourquoi Luc a-t-il regroupé ces trois paroles qui, à première vue, ne se ressemblent pas ?

Est-ce qu'il y a une clé de lecture qui permet de dire : il y a là un seul texte ? C'est vrai, il y en a une : qu'est-ce qui nous est donné comme cadeau, c'est le Royaume. Or, le Royaume est un mot qui nous piège. Quand on pense Royaume, on pense au royaume de Belgique, qui existe encore - au royaume d'Angleterre - à l'ancien royaume de France, au royaume du Maroc… on pense à un territoire - qui peut être un territoire de bonheur ou un territoire d'oppression.

Quand Jésus parle de Royaume, il parle du Règne de Dieu dans notre vie. Le trésor qui nous est donné, ce n'est pas une chose qu'on serait tentés de posséder, c'est une présence. Le Règne de Dieu : Dieu règne dans notre vie par Jésus. Et s'il règne dans notre vie, tout le reste est éclairé par ce règne, tout le reste devient secondaire par rapport à ce trésor. Si vraiment nous laissons Dieu régner dans notre vie, tout devient charité, tout devient générosité, tout devient service, tout devient lumière, tout devient obéissance à la Parole de Dieu, tout devient accueil… C'est ça le trésor au milieu de nous, c'est le Règne de Dieu.

Et ce Règne de Dieu nous est donné comme une activité de Dieu en nous. Donc, s'il nous est donné, jamais on ne le possède, d'une part ; mais il est toujours là. Il faut laisser Dieu, à chaque instant, régner en nous de façon nouvelle. Et c'est ainsi que nous sommes des veilleurs. Si nous recevons ce Règne comme un cadeau, une action de Dieu dans notre vie comme un cadeau, à chaque instant : qu'est-ce que Dieu attend de moi ? Qu'est-ce que Jésus ferait à ma place maintenant, devant telle situation, devant tel problème, devant telle difficulté, devant tel choix de vie, tel choix dans le monde du travail, dans le monde de la société, tel bulletin de vote - pourquoi pas ? Qu'est-ce que Jésus ferait à ma place, tel que je connais Jésus à travers l'Evangile ? Non pas que nous sommes infaillibles, mais nous essayons de le vivre. Jésus règne en nous, nous sommes des veilleurs.

Eh bien, à chaque instant il passe et il attend la place. Donc, est-ce que nous sommes prêts ? Recevoir le Règne de Dieu, c'est toujours le laisser grandir en nous. Saint Paul a une magnifique parole pour dire : " Le Christ m'a saisi, et plus il m'a saisi, plus je cherche à le saisir. " Plus nous sommes saisis par le Règne de Dieu, plus nous sommes en train de le saisir, et de l'accueillir, et de le laisser gouverner totalement notre vie.

Nous voyons qu'à partir de ce thème du Royaume conçu comme l'action de Dieu, la présence de Dieu qui règne en nous, ce texte trouve une unité extraordinaire ! Et si Dieu règne en nous, comment exprimons-nous ce Règne de Dieu auprès de nos frères ? Comment aidons-nous nos frères à accueillir ce Règne de Dieu en eux ?

Et nous disparaissons pour que le Règne de Dieu existe chez les autres. Nous sommes des éveilleurs - c'est encore plus qu'encourager. L'éveilleur est celui qui fait grandir. Les parents savent très bien que ils réussiront leurs enfants dans la mesure où ils les mettront debout et leur laisseront vivre leur vie, comme des grands, en acceptant qu'ils soient autrement. Nous sommes des éveilleurs parce que c'est le Règne de Dieu qui est en nous et que nous respectons chez les autres. Et le Règne de Dieu chez les autres, nous n'avons pas à le programmer pour eux ; autrement, nous devenons des chefs. Nous avons à les aider à découvrir, humblement, pauvrement.

Donc, ce message, apparemment disparate, est finalement d'une très grande unité si nous concevons le Règne de Dieu comme une présence, une action, une activité de Dieu, un souffle de Dieu.

Et c'est pour ça que l'on peut dire que le Royaume, c'est l'Esprit Saint. La présence de Dieu, c'est l'Esprit que Jésus nous donne, le cadeau de Dieu c'est l'Esprit Saint qui est présence, action, témoin, et qui nous encourage - et qui nous invite à faire de même.

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