19 Juillet 2012
Mt 12:1- En ce temps-là Jésus vint à passer, un jour de sabbat, à travers les moissons. Ses disciples eurent faim et se mirent à arracher des épis et à les manger. Mt 12:2- Ce que voyant, les Pharisiens lui dirent : " Voilà tes disciples qui font ce qu'il n'est pas permis de faire pendant le sabbat ! " Mt 12:3- Mais il leur dit : " N'avez-vous pas lu ce que fit David lorsqu'il eut faim, lui et ses compagnons ? Mt 12:4- Comment il entra dans la demeure de Dieu et comment ils mangèrent les pains d'oblation, qu'il ne lui était pas permis de manger, ni à ses compagnons, mais aux prêtres seuls ? Mt 12:5- Ou n'avez-vous pas lu dans la Loi que, le jour du sabbat, les prêtres dans le Temple violent le sabbat sans être en faute ? Mt 12:6- Or, je vous le dis, il y a ici plus grand que le Temple. Mt 12:7- Et si vous aviez compris ce que signifie : C'est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice, vous n'auriez pas condamné des gens qui sont sans faute. Mt 12:8- Car le Fils de l'homme est maître du sabbat. " |
Cet Evangile, qui reprend beaucoup de passages de l'Evangile de Marc (qui avait été écrit vers 65), mais en y ajoutant des éléments qu'il partage en grande partie avec Luc, a été très probablement rédigé entre les années 85 et 90. A parcourir tout ce Livre, on peut se demander s'il a été composé pour des chrétiens d'origine Juive (Judéochrétiens), ou pour des chrétiens d'origine païenne, ou encore pour les deux. La position communément admise de nos jours est qu'il a été écrit pour une communauté Judéochrétienne qui s'est trouvée exclue du Judaïsme, suite à une décision par des rabbins Juifs non chrétiens de ne plus tolérer la double appartenance, à la fois Juive et chrétienne, de ces Judéochrétiens, qui avait été possible jusqu'à cette date. Rupture qui explique la dureté des propos mis dans la bouche de Jésus contre les Scribes et Pharisiens de son temps (Matth. chapitre 23). Néanmoins, même s'il a été d'abord écrit pour confirmer une communauté Judéochrétienne dans sa découverte de la Bonne Nouvelle de Jésus, cet Evangile est ouvert également à la mission universelle auprès des païens, et il se termine par un envoi en mission par le Christ ressuscité, avec ces paroles : "allez, de toutes les nations, faites des disciples" (28, 18). On peut diviser cet Evangile en 11 parties, qui se répondent en sens inverse (la 1ère correspondant à la dernière, la 2ème, à l'avant-dernière, etc...), concentrées autour de la 6ème partie, le "Discours en paraboles", qui sert en quelque sorte de "pivot". Nous obtenons ainsi le découpage suivant : - Naissance de Jésus et commencement de sa mission (1 - 4) - Bénédictions et Discours sur la montagne (5 - 7) - Manifestations de l'autorité de Jésus et de ses appels (8 - 9) - Discours sur la mission (10) - Jésus rejeté par "cette génération" (11 - 12 ) - Discours en paraboles (13) - Jésus reconnu par ses disciples (14 - 17) - Discours sur la manière de vivre en communauté de croyants (18) - De nouveau, Jésus manifeste son autorité et ses appels (19 - 22) - Proclamation de situations malheureuses et Discours sur la venue définitive du Royaume (23 - 24) - Passion, mort et résurrection (26 - 28) Avec notre page, nous continuons d'accompagner Jésus dans la partie de l'Evangile de Matthieu, concernant sa 2ème mission en Galilée, où il rencontre de plus en plus de refus et d'hostilité de la part de "cette génération" de ses contemporains. |
Un de ces épisodes où Jésus est contesté pour son apparente non-soumission à la loi du repos sabbatique, et où il proclame que lui, le Fils de l'homme, est le maître du Sabbat. Face au reproche d'avoir laissé ses disciples arracher qulques épis le jour du sabbat pour apaiser leur faim, il invoque l'exemple de David, en fuite devant Saül, et la possiblité accordée aux prêtres de fonctionner dans le Temple le jour du Sabbat, pour déclarer que la nécessité dépasse toute loi et que lui-même est plus important que le Temple. Puis, citant le prophète Osée, il rappelle que la miséricorde est plus importante que le culte des sacrifices et donc que les conclusions tirées d' une interprétation trop littérale, et non circonstanciée, de la Loi, dont le but n'est que d'aider l'homme à obéir à Dieu en vérité. |
Dans la mesure où l'Ecriture de l'Ancien Testament ne condamne pas l'attitude de David en 1 Samuel, 21, Jésus refuse l'interprétation rigide de la Loi soutenue par les Pharisiens. D'autre part, quand il y a conflit entrre deux commandements de la Loi, il est normal que l'on choisisse celui que l'on considère comme le plus important. et pour Jésus, dans la ligne d'Osée, 6, 6 (que Jésus a déjà cité en 9, 23), la pratique de la miséricorde a priorité sur la Loi du repos du Sabbat. Enfin, si David pouvait invoquer la nécessité plus forte que la Loi, et si les prêtres peuvent exercer leurs fonctions dans le Temple le jour du Sabbat, à plus forte raison le Messie et le Fils de l'homme, qu'il est, peut-il le faire au nom de sa mission même, qui le situe au-dessus de David et du Temple. |
N'oublions pas que Jésus a défendu son message en prenant tous les risques jusqu'à être rejeté par son peuple et mourir sur une croix pour nous révéler, et nous communiquer, l'insondable mystère de Dieu Amour et Vérité, source pour nous d'une manière de vivre selon Dieu, selon une nouvelle naissance dans l'Esprit qu'il nous a donné après sa résurrection. |
Seigneur Jésus, te suivre dans la foi, comme tu nous demandes de le faire, nous invite à rechercher nos valeurs vécues dans la direction que jalonnent les balises de la Loi, valeurs de la recherche, toujours plus grande, de la volonté de Dieu notre Père, et d'une miséricorde roujours croissante à l'égard de tous nos frères et soeurs : que ton commandement unique de l'amour fraternel, dans la fidélité au Père, qui contient, dans son exigence sans limites, tout ce que tu attends de nous, ne devienne jamais pour moi un moyen de me protéger dans un système clos, qui me dispenserait de l'obligation de grandir dans ta qualité de vie, ni, à plus forte raison, un moyen de dominer ou de juger les hommes et les femmes que tu as placés sur ma route. AMEN. |