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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

Lundi 4ème semaine de Pâques - Evangile

DE L'EVANGILE DE JEAN :


Jn 10:1- " En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n'entre pas par la porte dans l'enclos des brebis, mais en fait l'escalade par une autre voie, celui-là est un voleur et un brigand ;
Jn 10:2- celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis.
Jn 10:3- Le portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix, et ses brebis à lui, il les appelle une à une et il les mène dehors.
Jn 10:4- Quand il a fait sortir toutes celles qui sont à lui, il marche devant elles et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix.
Jn 10:5- Elles ne suivront pas un étranger ; elles le fuiront au contraire, parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers. "
Jn 10:6- Jésus leur tint ce discours mystérieux, mais eux ne comprirent pas ce dont il leur parlait.
Jn 10:7- Alors Jésus dit à nouveau : " En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis.
Jn 10:8- Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.
Jn 10:9- Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et trouvera un pâturage.
Jn 10:10- Le voleur ne vient que pour voler, égorger et faire périr. Moi, je suis venu pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait surabondante.


POUR RUMINER LA PAROLE :

1. SITUATION.

L'Evangile de Jean est un Evangile dont la structure nous paraît bien différente de la construction adoptée dans les trois autres Evangiles.

En effet, l'Evangile de Jean, entre un court Prologue (Jean, 1, 1 - 18), qui est la reprise d'une hymne primitive bien adaptée pour servir d'ouverture à la mission terrestre en Jésus du Verbe fait chair (la Parole de Dieu) , et un Epilogue (Jean, 21, 1 - 25), qui est un compte rendu d'apparition(s) du Christ ressuscité en Galilée, ajouté, semble-t-il, lors de la rédaction finale de l'Evangile, se divise en deux grandes parties :

- LE LIVRE DES SIGNES, dans lequel , tout au long du ministère public de Jésus, nous assistons à la révélation qu'il nous donne de Dieu son Père par ses signes et ses paroles (Jean, 1, 19 - 12, 50),

- LE LIVRE DE LA GLOIRE, long de huit chapitres (!), où Jésus, à ceux qui le reçoivent et l'accueillent, montre sa gloire en retournant au Père, à son "Heure", passage qui se réalise dans sa mort, sa résurrection, son ascension, et le don de son Esprit ( Jean, 13, 1 - 20, 31).

Le Livre des signes, dans lequel se situe notre passage, est d'abord ainsi nommé parce qu'il se trouve ponctué par SEPT signes, tous IMPORTANTS de par leur sens, accomplis par Jésus du début à la fin de son ministère :


- le changement de l'eau en vin à Cana (2, 1 - 11),
- la guérison du fils d'un intendant royal à Cana (4, 46 - 54),
- la guérison d'un infirme à la piscine de Bethesda (5, 1 - 11),
- la multiplication des pains en Galilée (6, 1 - 15),
- la marche sur la Mer de Galilée (6, 16 - 21),
- la guérison d'un aveugle-né à Jérusalem (9),
- la réanimation de Lazare, mort et mis au tombeau à Béthanie (11).

Cependant, dans la mesure où ces SEPT "signes" sont souvent plus ou moins longuement expliqués par des paroles ou des discours de Jésus, une autre répartition, plus précise, de ce Livre des signes, nous aide à mieux situer et donc mieux comprendre notre passage :

- 1°) Les débuts de la Révélation de Jésus : de Jean-Baptiste à Jésus (1, 19 - 51), aboutissant au changement de l'eau en vin à Cana (2, 1 - 11), qui sert de transition avec la partie suivante,
- 2°) Du premier signe de Cana (eau changée en vin) au deuxième signe de Cana (guérison du fils d'un intendant royal) (2 - 4), ce deuxième signe servant également de transition avec la 3ème partie (4, 46 - 54),
- 3°) Jésus et les principales fêtes juives (5 - 10),
- 4°) Jésus vit l'approche de son "Heure", Heure de sa mort et de sa gloire (11, 1 - 12, 36),
- 5°) Conclusion du Livre des signes sur le ministère de Jésus et résumé de sa prédication (12, 37 - 50).



Dans la 3ème partie du Livre des Signes, après s'être situé, face au Sabbat, suite à sa guérison du paralytique de la piscine de Bethesda, face à la Fête de la Pâque, dans son discours sur le pain de vie après avoir multiplié les pains et rejoint ses disciples en marchant sur la mer, puis face à la Fête des Tentes, en proclamant dans le Temple que lui seul donne l'eau vive et qu'il est la lumière du monde, Jésus nous est maintenant présenté à un moment proche de la Fête de la Dédicace du Temple de Jérusalem, qui a lieu trois mois après la Fête des Tabernacles ou des Tentes, Fête où il va rencontrer de nouveau beaucoup d'opposition à tout ce qu'il propose au nom de Dieu, et à tout ce qu'il déclare de lui-même.

Cette page de l'Evangile de Jean, que nous lisons ce jour, peut-être interprétée comme un "entre-deux" séparant la manifestation de Jésus lors de ces deux Fêtes Juives. Elle se poursuit d'ailleurs jusqu'au verset 21 de ce chapitre 10, où est rappelée la guérison de l'aveugle-né (racontée au chapitre précédent), et elle sera reprise, comme en écho, dans le cadre de la célébration de la Fête de la Dédicace, lorsque Jésus répondra à ses détracteurs qui ne croient pas en lui, "qu'ils ne sont pas de ses brebis" (Jean, 10, 26 - 29).


2. MESSAGE.

Faut-il appeler cette parabole la "parabole de la bergerie" ou de "l'enclos du troupeau" (10, 1 - 5), ou bien plutôt y voir deux petites paraboles distinctes et séparées, qui se suivent ?

Dans ce cas, la première, celle de la "porte des brebis" (10, 1 - 3a), établit un contraste dans l'approche du troupeau, entre le voleur et le brigand, d'une part, qui pénètrent dans la bergerie sans passer par la porte, et, d'autre part, le berger des brebis qui, lui, entre vraiment par la porte.

Quant à la seconde, celle du "vrai berger" (10, 3b - 5), elle se concentre sur la relation entre les brebis et le berger : relation de connaissance intime et de fidélité, liée à l'appartenance des brebis au berger, seul maître du troupeau.

Cela dit, Jésus se définit comme "la porte" par laquelle il faut passer, ou entrer, pour être sauvé dans un espace de liberté et de vie, car Jésus précise alors immédiatement qu'il est venu pour que les hommes aient la vie et la vie en abondance.

Puis, plus loin dans le texte, Jésus va se présenter comme le "Bon Pasteur" et le "Vrai Berger", qui connaît ses brebis, donne sa vie pour elles, et a pour mission, également, de rassembler dans l'unité d'un unique troupeau, les brebis qui n'appartiennent pas à l'enclos de l'actuel Peuple d'Israël.


3. DECOUVERTES.

Cette (ou ces) parabole(s) est (ou sont) liée(s) à la continuité de tout un contexte biblique.

Dans l'Ancien Testament, Dieu, qui conduit son peuple Israël, confie cette mission de berger à des chefs comme David et les rois qui lui ont succédé. Mais la plupart de ces chefs ne se comportent pas selon le plan de Dieu, et, dans la grand chapitre 34 du Livre du Prophète Ezéchiel,, le Seigneur déclare, d'une part, qu'il est lui-même le Berger de son peuple qu'il va rassembler et mener là où il doit être, et, d'autre part, que, le moment venu, il fera appel à un nouveau David pour le relayer dans sa fonction de Berger.

Dans le Nouveau Testament, en Marc, 6, 35, les foules qui courent vers Jésus sont comparées à des brebis sans pasteur. En Luc, 15, 3 - 7, la parabole de la brebis perdue, que raconte Jésus, répond aux critiques des Pharisiens qui l'accusent de fréquenter les publicains et les pécheurs. En Matthieu, 7, 15, les croyants sont comparés à des brebis qui doivent demeurer sur leur garde au milieu des loups. En Matthieu, 25, 32 - 34, les brebis symbolisent les justes qui sont sauvés lors du jugement final. Voir également, à ce propos, TOB, Jean, 10, 11, note "z".

A noter que Jésus va devoir, dans un deuxième temps (10, 6 - 18), expliquer ces paraboles en se déclarant successivement la "porte des brebis" (10, 6 - 10) et le "bon pasteur" (10, 11 - 18), et cela, parce qu'il n'a pas été compris. Comme le remarque TOB (Jean, 10, 3, note "r"), il y a deux catégories d'hommes au sein d'Israël, "ceux qui appartiennent effectivement au berger et qui répondent à son appel, et à lui seul, et ceux qui n'y répondent pas parce qu'ils ne lui ont jamais appartenu".

Il est, de même, facile, compte tenu du contexte immédiat de l'aveugle-né, où Jésus fait comprendre aux Pharisiens qu'ils sont des aveugles même s'ils prétendent voir clair (9, 40 - 41), de déduire que l'image du voleur et du brigand, employée par Jésus dans la première des deux petites paraboles, les vise, et invite ceux qui écoutent Jésus à ne pas les prendre pour maîtres et pour guides.


4. PROLONGEMENT.

Comme il l'avait déjà fait plusieurs fois depuis le discours sur le "pain de vie" (Jean, 6, 35 - 59), Jésus nous dit de lui-même : "Je suis... (ceci ou cela)", autant d'attributs qu'il se donne (le pain, la lumière du monde, la porte des brebis, le bon berger, la résurrrection et la vie, le chemin, la vérité et la vie, la vigne... etc.) et qui nous montrent à quel point toutes les valeurs que nous apporte le salut de Dieu sont concentrées en lui. Et ce, à un tel point qu'à plusieurs reprises (Jean, 8, 24. 28. 58, et 13, 19), Jésus se présentera comme "JE SUIS" (tout court), nom même de Dieu dans la Bible (Exode, 3, 14 - 16), Source dernière et absolue de tout ce qui existe (Jean, 1, 1 - 3).

Mais, ce qu'il nous dit être, Jésus nous le donne en partage : ce qu'il précise bien ici, dans cette page, lorsqu'il nous affirme "qu'il est venu pour que nous ayons la vie".

A condition que, dans une attitude de foi, nous nous désappropriions de nous-mêmes pour lui appartenir et recevoir tout de lui.

Notons que la liturgie catholique de ce temps de Pâques nous fait découvrir les différentes approches que l'Evangile de Jean nous présente de Jésus : autant d'aspects de la richesse du Seigneur Ressuscité qui vient à nous en son Esprit Saint.



Seigneur Jésus,
tu es le seul par qui nous devons passer pour aller jusqu'à toi,
qui es également le seul qui peut nous conduire au Père en son Royaume,
où Dieu nous offre d'avoir part, par toi et en toi, à sa propre vie divine,
et déjà tu nous donnes la proximité, l'intimité de ta présence et de ta rencontre,
en nous communiquant ce que tu es et vis, dans l'Esprit Saint :
rends-moi capable d'avoir toujours les yeux ouverts
à la grandeur du mystère que tu nous partages,
et par lequel nous sommes configurés à ton image,
recevant de toi la dignité de "fils" et "d'enfants de Dieu",
achèvement total de toute notre existence selon le projet de Dieu,
qui nous a créés à son image, et nous fait devenir création nouvelle,
en toi Ressuscité, et la puissance de son Esprit. AMEN.
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