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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

Vendredi 5ème semaine de Pâques - Evangile

DE L'EVANGILE DE JEAN :


Jn 15:12- Voici quel est mon commandement : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés.
Jn 15:13- Nul n'a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis.
Jn 15:14- Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande.
Jn 15:15- Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître.
Jn 15:16- Ce n'est pas vous qui m'avez choisi ; mais c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne.
Jn 15:17- Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.


POUR RUMINER LA PAROLE :

1. SITUATION.

L'Evangile de Jean est un Evangile dont la structure nous paraît bien différente de la construction adoptée dans les trois autres Evangiles.

En effet, l'Evangile de Jean, entre un court Prologue (Jean, 1, 1 - 18), qui est la reprise d'une hymne primitive bien adaptée pour servir d'ouverture à la mission terrestre en Jésus du Verbe fait chair (la Parole de Dieu) , et un Epilogue (Jean, 21, 1 - 25), qui est un compte rendu d'apparition(s) du Christ ressuscité en Galilée, ajouté, semble-t-il, lors de la rédaction finale de l'Evangile, se divise en deux grandes parties :

- LE LIVRE DES SIGNES, dans lequel , tout au long du ministère public de Jésus, nous assistons à la révélation qu'il nous donne de Dieu son Père par ses signes et ses paroles (Jean, 1, 19 - 12, 50),

- LE LIVRE DE LA GLOIRE, long de huit chapitres (!), où Jésus, à ceux qui le reçoivent et l'accueillent, montre sa gloire en retournant au Père, à son "Heure", passage qui se réalise dans sa mort, sa résurrection, son ascension, et le don de son Esprit ( Jean, 13, 1 - 20, 31).

Le Livre de la Gloire, qui va des chapitres 13 à 20 de cet Evangile, nous relate d'abord la dernière soirée des Jésus avec ses disciples, épisode qui couvre 5 chapitres, avec le lavement des pieds des disciples par Jésus, l'annonce de la trahison de Judas, les 3 discours d'adieux de Jésus et sa grande prière finale adressée à Dieu, son Père (13 - 17). Les 2 chapitres suivants sont consacrés à la passion et la mort de Jésus, et sont suivis du chapitre 20, qui traite entièrement de la résurrection et nous fournit la conclusion de l'Evangile, même si le chapitre 21, que l'on appelle "Epilogue", nous donne un rebond de la résurrection avec le récit d'une apparition supplémentaire de Jésus ressuscité, autour d'une pêche miraculeurse et d'un long dialogue avec Pierre, avant de nous proposer une 2ème conclusion de l'Evangile, dans laquelle l'auteur se présente comme étant le "disciple que Jésus aimait", que l'on continue d'identifier, non sans difficultés, avec l'Apôtre Jean, fils de Zébédée, et frère de Jacques.

Le Livre de la Gloire ne nous rend compte que de "l'Heure" de Jésus, c'est-à-dire tout ce qui concerne son "passage" au Père (passion-mort-résurrection de Jésus-don de l'Esprit par le Ressuscité).

A noter l'importance que le 4ème Evangile accorde aux tout derniers moments de la vie de Jésus, soit 9 chapitres, y compris l'Epilogue, là où les autres Evangiles ne consacrent que 2 chapitres.



Avec ce passage, nous lisons une partie du Dernier Discours de Jésus. Ce dernier discours, placé par l'Evangéliste au cours du dernier repas de Jésus avec ses disciples la veille de sa mort, peut se diviser en trois sections : - Section 1 (13, 31 - 14, 31), - Section 2 (15, 1 - 16, 33), - Section 3 (17, 1 - 26). Chacune de ces sections se partage ensuite en sous-sections, certaines de ces sous-sections pouvant, à leur tour, être subdivisées.

Notre texte se situe ainsi dans la Section 2 de ce Dernier Discours de Jésus, et dans la sous-section 1 de cette Section (15, 1 - 17), où Jésus se déclare être le cep de vigne dont nous sommes les sarments, dans une étonnante image nous décrivant notre unité avec lui.

En effet, comme il est toujours question de "porter du fruit" au verset 16, tout le monde s'accorde à considérer que les versets 1 à 17 de ce chapitre 15 forment un tout. Mais alors, où situer les versets retenus dans notre passage liturgique de ce jour? On est d'abord tenté, comme beaucoup, de distinguer deux parties dans cet ensemble : d'une part, les versets 1 - 8, traitant de la vigne et des sarments (notre texte), et d'autre part, les versets 9 - 17, insistant sur l'amour des disciples.

Une autre répartition semble toutefois plus intéressante à certains : limiter aux versets 1 - 6 la présentation de l'image ou de l'allégorie de la vigne et des sarments, pour étendre aux versets 7 - 17 l'explication par Jésus de cette image dans le contexte des thèmes principaux de l'ensemble du Dernier discours de Jésus.


2. MESSAGE.

La nécessité pour nous de ne faire qu'un avec Jésus en étant attachés à lui comme le sarment sur le cep de vigne, en demeurant en lui , et en laissant sa vie passer en nous de façon à ce qu'il demeure en nous, cette nécessité s'impose à nous au point que "hors de lui nous ne pouvons rien faire", alors qu'en lui seulement nous pouvons porter du fruit et du fruit en abondance.

Porter du fruit en étant ainsi attachés à Jésus pour que sa vie passe en nous, c'est aimer à la façon de Dieu et à la façon de Jésus. C'est accueillir en nous cet amour qui passe du Père à Jésus, et de Jésus à nous. C'est ensuite, à notre tour, communiquer cet amour à nos frères et soeurs en les aimant comme Jésus nous a aimés. Aimer ainsi devient un commandement, car l'amour et l'obéissance dépendent l'un de l'autre.

En effet, notre OUI d'ouverture à l'amour qui nous vient de Dieu par Jésus est obéissance, c'est-à-dire unité de vouloir avec Dieu. Quand Jésus nous donne le commandement de nous aimer les uns les autres, il nous demande d'entrer, de façon positive et dynamique, dans la démarche du Père et la sienne, en aimant comme nous sommes aimés de Dieu et de lui. Et comme Jésus le premier a vécu ce commandement d'aimer en nous aimant jusqu'à l'extrême (13, 1), nous avons à le suivre dans toutes les dimensions de l'amour le plus grand possible, qui est de donner sa vie pour ceux qu'on aime. Nous sommes donc invités à tout mettre en oeuvre pour mettre nos frères et nos soeurs debout, à la façon de Jésus, qui a tout fait pour que nous ayons la plénitude de sa vie (10, 10).

En outre, l'amour est également commandement dans la mesure où l'amour ne peut subsister s'il ne produit pas davantage d'amour. Demeurer en Jésus suppose cette exigence positive d'exprimer ce que nous recevons de lui.

Cette logique de l'amour reçu, qui doit se traduire par une imitation de Jésus en aimant nos frères et soeurs jusqu'au bout, comme il nous a aimés, est une logique de communion et d'unité avec Jésus. C'est pourquoi il ne nous appelle plus ses serviteurs mais ses amis, car, dans cette logique, il nous partage tout ce qu'il a reçu et appris du Père.

Tout ce mouvement de don gratuit qui nous vient de Dieu par Jésus, qui se comporte vis-à-vis de nous comme le Père se comporte vis-à-vis de lui, explique pourquoi Jésus nous précise que ce n'est pas nous qui l'avons choisi, mais bien l'inverse, lui qui nous a choisis pour que nous portions du fruit et un fruit qui demeure. Et ce fruit ne peut être que d'aimer à la façon de Jésus, exigence fondamentale pour que notre amour soit bien celui que nous avons, par lui, reçu du Père.


3. DECOUVERTES.

Notons le parallélisme entre le verset 12 et le verset 17, qui se répondent et encadrent (ce qu'on appelle une "inclusion") tout ce qui nous est dit par Jésus entre ces deux versets, qui nous définissent ce qu'il a appelé son commandement nouveau (13, 34 ) : "aimez-vous les uns les autres comme je vous aimés". Ce qui nous aide à comprendre qure tout le reste de cette page vient nous initier à ce que veut dire ce commandement de Jésus : il nous propose une attitude sans limite qui doit toujours croître, attitude qui est une exigence réservée à ses amis, une transmission du mystère de Dieu que Jésus nous découvre, un appel particulier qui est une faveur de gratuité quand il nous choisit ainsi.

Nous le voyons, toutes ces notions ne font qu'un et se rejoignent : le commandement, l'appel et le choix, le don jusqu'au bout, la proximité et l'intimité avec Jésus dont nous sommes les amis, le partage des secrets du Père, tout cela est la dimension intérieure, la réalité qui nous arrive de Jésus, et que nous exprimons quand nous aimons nos frères comme il nous a aimés.

La vérité de Dieu nous habite : il se donne à nous pour que nous prolongions visiblement, jusqu'à tous nos frères et soeurs, cet acte de donner. Dieu nous partage en Jésus le meilleur de lui-même, c'est-à-dire sa réalité même, quand nous demeurons en Jésus. Cela nous permet de comprendre que, dans la première lettre de Jean, il nous soit dit que "Dieu est amour" (1 Jean, 4, 7 - 16).


4. PROLONGEMENT.

Cette découverte d'une telle proximité de Dieu qui vient habiter ainsi notre vie quand nous demeurons en Jésus Ressuscité, ne devrait-elle pas être pour nous un "coup de foudre" ? A force de lire ces beaux textes, nous courons le risque de les "banaliser", d'en perdre toute la nouveauté qui devrait toujours se renouveler pour nous.

Quand Paul a rencontré cet amour infini de Dieu, il nous a fait part de la profondeur qu'il en a perçue, dans la finale du chapitre 8 de sa Lettre aux Romains : en nous donnant son Fils, Dieu ne nous a-t-il pas tout donné ? Qui nous séparera de l'amour du Christ ? Rien, absolument rien, répond Paul (Romains, 8, 31 - 39 : à relire).

Où en sommes-nous de cette redécouverte permanente ?




Seigneur Jésus,
tu nous offres une union et une communion totales avec toi,
et tu nous communiques ainsi la richesse du Père qui, par toi,
nous rencontre, vient demeurer en nous avec toi, et nous transmet,
comme une vie à répandre et à partager avec tous nos frères et soeurs,
la manière d'aimer gratuitement qui lui est propre, et dont tu es le premier bénéficiaire,
dans le mystère de ton unité divine avec le Père dans l'Esprit :
donne-moi de rédécouvrir sans cesse la nouveauté de ce don et de ce partage,
sans jamais me lasser de l'accuellir en ma vie et de le révéler à mon tour,
en toutes mes actions et paroles. AMEN.
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