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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

Vendredi 5ème semaine de Pâques - 1e lecture

DES ACTES DES APÔTRES :


Ac 15:22- Alors les apôtres et les anciens, d'accord avec l'Église tout entière, décidèrent de choisir quelques-uns d'entre eux et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé. Ce furent Jude, surnommé Barsabbas, et Silas, hommes considérés parmi les frères.
Ac 15:23- Ils leur remirent la lettre suivante : " Les apôtres et les anciens, vos frères, aux frères de la gentilité qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut !
Ac 15:24- Ayant appris que, sans mandat de notre part, certaines gens venus de chez nous ont, par leurs propos, jeté le trouble parmi vous et bouleversé vos esprits,
Ac 15:25- nous avons décidé d'un commun accord de choisir des délégués et de vous les envoyer avec nos bien-aimés Barnabé et Paul,
Ac 15:26- ces hommes qui ont voué leur vie au nom de notre Seigneur Jésus Christ.
Ac 15:27- Nous vous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous transmettront de vive voix le même message.
Ac 15:28- L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci, qui sont indispensables :
Ac 15:29- vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Adieu. "
Ac 15:30- Prenant congé donc, les délégués descendirent à Antioche, où ils réunirent l'assemblée et remirent la lettre.
Ac 15:31- Lecture en fut faite, et l'on se réjouit de l'encouragement qu'elle apportait.


POUR RUMINER LA PAROLE :

1. SITUATION.

Le Livre des Actes des Apôtres, écrit au cours des années 80 et après l'Evangile de Luc, dont il constitue la suite et un 2ème tome, nous offre le récit, unique dans tout le Nouveau Testament, du passage du message chrétien de la Palestine rurale au monde méditerrranéen gréco-latin fort urbanisé. Il a donc pour auteur celui qui a écrit l'Evangile dit de Luc, et il est dédicacé au même "Théophile".

Les spécialistes demeurent néanmoins fortement divisés sur l'attribution ou non de ce livre à Luc, le companion Antiochien de Paul (Colossiens, 4, 14 et Philémon, 23), qui, depuis une antiquité très ancienne, est considéré comme l'auteur de ce Livre des Actes, en raison particulièrement d'un certain nombre de passages de ce Livre où il raconte les événements en cours en employant le pluriel "Nous" (Actes, 15, 36 - 18, 28).

Il existe, en effet, de grandes différences entre le portrait de Paul, dans les Actes des Apôtres, et celui que l'on déduit d'une lecture attentive des lettres authentiques de Paul, et cela au point que l'on se demande comment Luc, s'il a été vraiment un companion de Paul et a écrit les Actes, ait pu brosser un tableau de l'apôtre Paul si différent de celui que nous découvrons par ailleurs. Même si l'attribution à Luc de ce Livre, et de l'Evangile qui le précède, semble demeurer la moins mauvaise hypothèse, on ne parvient pas à rendre compte d'une telle différence dans la présentation de la personnalité et des idées de l'apôtre Paul.

Ce Livre des Actes commence avec une introduction sur les tout premiers débuts de la communauté écclésiale (1, 1 - 26), puis il nous décrit la mission à Jérusalem (2, 1 - 5, 42), suivie de la mission au-delà de Jérusalem et de la Palestine même (réalisée pas les Héllénistes Juifs devenus chrétiens, puis suite à la conversion de Saül de Tarse, devenu Paul, une mission de Pierre auprès de païens et en terre païenne, le premier voyage de Paul et les problèmes liés à l'entrée de païens en grand nombre dans l'Eglise, dont a dû traiter l'Assemblée de Jérusalem : 6, 1 - 15, 33), enfin le rapprochement progressif de Paul vers Rome, où se termine le récit des Actes, après sa mission en Europe et à Ephèse, et son retour à Jérusalem où il est arrêté dans le Temple (15, 36 - 28, 31).



Une autre manière d'analyser le contenu des Actes des apôtres est d'en suivre le déroulement à la façon d'un drame en 4 actes : - ACTE 1 : L'Eglise à Jérusalem (2, 1 - 7, 60), - ACTE 2 : L'Eglise dispersée, en Samarie et à Antioche (8, 1 - 12, 25), - ACTE 3 : Paul le missionnaire (13, 1 - 21, 16), - ACTE 4 (Paul le prisonnier (21, 17 - 28, 35).

Selon cette présentation, nous en sommes maintenant dans l'ACTE 3, qui se déploie en 4 scènes : 1er voyage missionnaire de Paul (13, 1 - 14, 28), L'Assemblée apostolique de Jérusalem (15, 1 - 35), 2ème voyage missionnaire de Paul (15, 36 - 18, 23), 3ème voyage missionnaire de Paul (18, 24 - 21, 16).

Mais, si nous suivons la première répartition indiquée plus haut, avec notre passage se continue la grande partie des Actes, traitant de la mission qui se déroule hors de Jérusalem (6, 1 - 15, 35). Il y a d'abord été question des responsabilités et du témoignage des chrétiens d'origine Juive et de langue grecque, incluant le martyre d'Etienne, la persécution de ces disciples Héllénistes et leur dispersion, avec, comme conséquence, la prédication en Samarie de la Bonne Nouvelle de Jésus par Philippe (6, 1 - 8, 40).

Avec la conversion de Saül (Paul) , mis à part par le Seigneur pour porter son Nom auprès des païens (9, 1 - 20), une nouvelle étape se dessine. Mais, le Seigneur lui-même a décidé de préparer l'Eglise à cette nouvelle extension, en envoyant Pierre convertir le 1er païen, le centurion Corneille. Désormais, les choses s'accélèrent : des premières conversions de païens ont eu lieu à Antioche de Syrie, où Barnabé et Saül (Paul) accompagnent de leur enseignement une Eglise qui se développe très rapidement.

Après un voyage rapide à Jérusalem, où ils sont allés porter une aide financière des chrétiens d'Antioche, Paul et Barnabé ont été envoyés en mission à l'extérieur par l'Eglise d'Antioche, pour porter au loin la Bonne Nouvelle de Jésus : passant par l'île de Chypre et la Pamphylie, puis parvenus à Antioche de Pisidie, où Paul a prononcé un grand discours aux Juifs, ils ont poursuivi leur route par Iconium et Lystres jusqu'à Derbé, en opérant de nombreuses conversions, mais en se faisant chasser de plusieurs villes. et Paul étant même une fois quasi mortellement lapidé.

Après être repassés dans la plupart de ces villes sur leur chemin du retour, ils sont revenus à Antioche de Syrie, pour être de nouveau envoyés par leur communauté, à Jérusalem, cette fois, afin de participer à l'Assemblée de l'Eglise qui s'y tient, pour décider dans quelle mesure il faut imposer aux païens convertis à Jésus d'entrer également dans le Judaïsme par la circoncision et la pratique de la Loi de Moïse.


2. MESSAGE.

A cette Assemblée de Jérusalem, Pierre a commencé par rappeler que c'est Dieu qui a été, par lui, à l'origine de la conversion des païens au Seigneur Jésus, et que c'est donc par la seule grâce du Seigneur Jésus que Juifs et païens sont sauvés. Ensuite, Jacques, qui se comporte en responsable de l'Eglise de Jérusalem, a proposé une décision, certes ouverte aux chrétiens d'origine païenne, dans le sens indiqué par Pierre, mais qui n'en reprend pas moins les restrictions appliquées depuis toujours en Israël aux étrangers qui voulaient vivre parmi le peuple de Dieu (Actes, 15, 19 et Lévitique, 17 - 18).

En fait, Jacques demande aux chrétiens d'origine Juive de renoncer à exiger la circoncision des païens devenus chrétiens, et il demande à ces derniers de faciliter les relations humaines avec leurs frères d'origine Juive, en se pliant à quelques exigences légales acceptables (15, 19 - 21). Ainsi la communauté de table sera possible entre tous les disciples de Jésus, quelle que soit leur origine.

Une fois acceptée par l'Assemblée, cette "décision" de Jacques (non pas l'un des Douze, mais le "frère" ou cousin de Jésus) est formellement adressée par lettre aux chrétiens d'origine païenne d'Antioche, de Syrie et de Cilicie, et non pas, semble-t-il, à toutes les Eglises. De plus, cette lettre est confiée à des émissaires officiels qui vont accompagner Barnabé et Paul dans leur retour à Antoche, où la communauté , nous dit l'auteur des Actes, fait bon accueil aux mesures proposées.

A noter le ton "officiel", solennel et "hiérarchique" de cette lettre des apôtres et des anciens de Jérusalem, qui considèrent leur décision comme représentant la volonté de Dieu, dans la formule : "L'Esprit Saint et nous-mêmes, avons décidé..."


3. DECOUVERTES.

Si l'on compare le verset 15, 20 (propositions de Jacques) et le verset 15, 29 (décisions portées sur la lettre officielle), il apparaît que le texte écrit sur la lettre est plus précis sur ce que Jacques appelait "s'abstenir de l'idôlatrie", car il y est maintenant précisé que cela veut dire "s'abstenir des viandes des sacrifices païens".

L'incident d'Antioche opposant Paul à Pierre, et rapporté par Paul dans sa lettre aux Galates (Galates, 2, 11 - 12), sur la participation des chrétiens d'origine Juive et d'origine païenne à une table commune, a dû se produire avant ce décret pris à l'assemblée de Jérusalem, si le compte-rendu qui nous en est fait dans les Actes est vraiment conforme à ce qui s'y est passé.

Il reste toutefois surprenant que Paul ne fasse aucune allusion à ce décret dans aucune de ses lettres, même si l'on peut considérer que sa montée à Jérusalem avec Barnabé, mentionnée au chapitre 2 de la Lettre aux Galates, doit correspondre à l'Assemblée de Jérusalem dont rend compte notre page d'aujoud'hui.

A noter encore que Paul a écrit longuement aux Corinthiens (1 Corinthiens, 8 - 10), à propos justement des viandes offertes aux idoles, mais en adoptant une position différente, faite à la fois de liberté, et de respect vis-àvis des frères qui risqueraient d'être scandalisés, s'ils voyaient d'autres chrétiens en manger (voir aussi Romains, 14).


4. PROLONGEMENT.

Unité et diversité, vérité et tolérance de points de vue différents dans le respect du pluralisme, c'est à cela que chacune et chacun de nous, au sein de nos communautés, et entre communautés, sommes toujours appelés, depuis les origines de l'Eglise jusqu'à nos jours.

En contrepartie de cette lettre officielle faisant connaître les décisions de l'Assemblée de Jérusalem, lisons quelques lignes de Paul à ce propos :


Ga 2:1- Ensuite, au bout de quatorze ans, je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabé et Tite que je pris avec moi.
Ga 2:2- J'y montai à la suite d'une révélation ; et je leur exposai l'Évangile que je prêche parmi les païens - mais séparément aux notables, de peur de courir ou d'avoir couru pour rien.
Ga 2:3- Eh bien ! de Tite lui-même, mon compagnon qui était grec, on n'exigea pas qu'il se fît circoncire.
Ga 2:4- Mais à cause des intrus, ces faux frères qui se sont glissés pour espionner la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire en servitude,
Ga 2:5- gens auxquels nous refusâmes de céder, fût-ce un moment, par déférence, afin de sauvegarder pour vous la vérité de l'Évangile...
Ga 2:6- Et de la part de ceux qu'on tenait pour des notables - peu m'importe ce qu'alors ils pouvaient être ; Dieu ne fait point acception des personnes -, à mon Évangile, en tout cas, les notables n'ont rien ajouté.


Rm 14:6- Celui qui tient compte des jours le fait pour le Seigneur ; et celui qui mange le fait pour le Seigneur, puisqu'il rend grâce à Dieu. Et celui qui s'abstient le fait pour le Seigneur, et il rend grâce à Dieu.
Rm 14:7- En effet, nul d'entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même ;
Rm 14:8- si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Donc, dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur.
Rm 14:9- Car le Christ est mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants.
Rm 14:10- Mais toi, pourquoi juger ton frère ? et toi, pourquoi mépriser ton frère ? Tous, en effet, nous comparaîtrons au tribunal de Dieu,



Seigneur Jésus,
comme toi nous sommes appelés à rendre témoignage à la vérité,
et à donner, à notre façon, notre vie pour nos frères,
même si nous ne sommes pas toujours d'accord avec leurs agissements
et leurs prises de position en tous genres face à nous :
apprends-moi à ne jamais scandaliser des frères ou des soeurs pour lesquels tu es mort,
aide-moi à ne jamais pour autant renoncer à ce que je crois être, en conscience,
la vérité de ton Evangile et de ton achèvement définitif du plan de Dieu,
que tu as accompli, et qui relativise toutes nos différences
dans l'expression de notre foi, qui doit toujours agir dans la charité. AMEN
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