Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

VENDREDI SAINT- 1e lecture

DU LIVRE D'ISAÏE :


Is 52:13- Voici que mon serviteur prospérera, il grandira, s'élèvera, sera placé très haut.
Is 52:14- De même que des multitudes avaient été saisies d'épouvante à sa vue, - car il n'avait plus figure humaine, et son apparence n'était plus celle d'un homme -
Is 52:15- de même des multitudes de nations seront dans la stupéfaction, devant lui des rois resteront bouche close, pour avoir vu ce qui ne leur avait pas été raconté, pour avoir appris ce qu'ils n'avaient pas entendu dire.
Is 53:1- Qui a cru ce que nous entendions dire, et le bras de Yahvé, à qui s'est-il révélé ?
Is 53:2- Comme un surgeon il a grandi devant lui, comme une racine en terre aride; sans beauté ni éclat pour attirer nos regards, et sans apparence qui nous eût séduits;
Is 53:3- objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu'un devant qui on se voile la face, méprisé, nous n'en faisions aucun cas.
Is 53:4- Or ce sont nos souffrances qu'il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié.
Is 53:5- Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison.
Is 53:6- Tous, comme des moutons, nous étions errants, chacun suivant son propre chemin, et Yahvé a fait retomber sur lui nos fautes à tous.
Is 53:7- Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n'ouvrait pas la bouche.
Is 53:8- Par contrainte et jugement il a été saisi. Parmi ses contemporains, qui s'est inquiété qu'il ait été retranché de la terre des vivants, qu'il ait été frappé pour le crime de son peuple ?
Is 53:9- On lui a donné un sépulcre avec les impies et sa tombe est avec le riche, bien qu'il n'ait pas commis de violence et qu'il n'y ait pas eu de tromperie dans sa bouche.
Is 53:10- Yahvé a voulu l'écraser par la souffrance; s'il offre sa vie en sacrifice expiatoire, il verra une postérité, il prolongera ses jours, et par lui la volonté de Yahvé s'accomplira.
Is 53:11- A la suite de l'épreuve endurée par son âme, il verra la lumière et sera comblé. Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes en s'accablant lui-même de leurs fautes.
Is 53:12- C'est pourquoi il aura sa part parmi les multitudes, et avec les puissants il partagera le butin, parce qu'il s'est livré lui-même à la mort et qu'il a été compté parmi les criminels, alors qu'il portait le péché des multitudes et qu'il intercédait pour les criminels


POUR RUMINER LA PAROLE :

1. SITUATION.

Selon une hypothèse généralement admise depuis quelques décennies, mais qui se trouve désormais assez fortement contestée, les chapitres 40 - 55 du Livre d'Isaïe nous retraceraient la prédication, vers la fin de l'exil Babylonien, d'un prophète anonyme, connu sous le nom du "2ème Prophète Isaïe", du fait qu'il semble appartenir à une école de pensée qui relit, médite et adpate à des temps nouveaux l'oeuvre du grand Prophète Isaïe, qui, lui, avait vécu au 8ème siècle.

Avec quelques chapitres attribués - toujours selon la même hypothèse - à celui qu'on appelle le "3ème Prophète Isaïe" (Isaîe, 56 - 66), qui aurait vécu sa mission quelques décennies plus tard, juste après le retour d'exil, en Palestine, l'oeuvre du "2ème Isaïe" aurait été, par la suite, jointe à celle du "1er Isaïe" (Isaïe, 1 - 39) pour constituer notre Livre Biblique d'Isaïe (Isaïe, 1 - 66).

Ce Livre , qu'on attribue ainsi au "2ème Prophète Isaïe" est aussi connu sous le nom de "Livre de la consolation d' Israël". Il s'ouvre par l'appel du prophète et son dialogue avec Israël (40, 1 - 31), puis nous propose une série de chapitres annonçant l'accomplissemnt des prophéties concernant un nouvel Exode (41, 1 - 48, 22). Une 3ème partie a pour objet de consoler Sion-Jérusalem (49, 1 - 54, 17), et le livre se termine par une conclusion.

Les plus grosses objections à cette théorie séduisante de trois prophètes dont les oeuvres formeraient notre Livre d'Isaïe, tiennent, d'abord, à ce que le Livre de notre Bible, en son entier, est attesté comme tel dès au moins 2 siècles avant notre ère chrétienne, et a toujours été considéré comme oeuvre unique jusque pratiquement le début du 20ème siècle, et, ensuite, à ce qu'un certain nombre de passages des 39 premiers chapitres, attribués, dans l'hyopothèse, au 1er Isaïe, paraissent être également d'une époque bien postérieure au 8ème siècle, où il a vécu..

Quoi qu'il en soit du sort de l'hypothèse évoquée ci-dessus, dans ces chapitres attribués ainsi au 2ème Prophète Isaïe, se trouvent ce qu'on appelle les quatre chants du Serviteur de Yahvé, aux chapitres 42, 49, 50 et 53.


Voici le 4ème chant du Serviteur, le plus connu, le plus poétique, le plus chargé d'émotion. Nos frères Juifs y ont lu, à juste titre, le portrait de tous les Juifs persécutés au long des siècles. Nous, chrétiens, y trouvons, depuis le Nouveau Testament jsuqu'à aujourd'hui, un portrait comme tracé d'avance, de la vie, de la mort, et de la résurrection de Jésus, et, par conséquent, de la communauté des disciples du Christ, l'Eglise, le tout vu dans l'accomplissement du plan de Dieu.


2. MESSAGE.

Voici décrits la tragique expérience et le triomphe suprême du Serviteur de Dieu, fidèle, loyal et obéissant au coeur d'un monde qui ignore Dieu, mais que Dieu a résolu de sauver et d'introduire dans sa gloire.

Le Serviteur, humilié et souffrant, est perçu comme affligé et mis à l'épreuve par Dieu, en raison du péché. Mais il apparaît que ce péché n'est autre que nos propres transgressions, pour lesquelles nous aurions dû nous-mêmes souffrir.

Le Serviteur a volontairement accepté de porter ce poids comme le moyen par lequel Dieu nous réconciliera avec lui. Il souffre et meurt ainsi pour le salut du monde.

Le Serviteur devient l'envoyé de Dieu, qui agit pour notre réconciliation avec Dieu, en acceptant de donner sa vie jusqu'à la mort pour tous les autres que Dieu sauve à travers son geste.


3. DECOUVERTES.

Ne considérons pas l'attitude de don gratuit du Serviteur comme un simple acte de substitution, ou un sacrifice offert à notre place pour notre péché. Il s'agit ici d'un transfert d'identité : le Serviteur s'identidie avec l'humanité pécheresse et éloignée de Dieu pour que cette humanité perdue puisse s'identifier à son tour avec son obéissance authentique et loyale à Dieu. C'est ainsi que l'humanité est réconciliée avec Dieu.

Nous nous trouvons ici devant une prophétie au sens plénier du terme : la volonté de Dieu qui veut nous sauver est ici à la fois déclarée et réalisée dans l'engagement d'une vie d'homme en relation avec lui.

Nous découvrons 3 parties dans ce magnifique poème : en premier lieu (52, 13 - 15), Dieu proclame l'exaltation du Servteur rejeté. Un total renversement de situation est annoncé, de l'humiliation à l'exaltation du Serviteur. Sa mission, qui paraît être un échec total, connaîtra un succès complet. Ce que les hommes ne pouvaient percevoir va se trouver révélé dans un moment de grande lumière.

En deuxième lieu (53, 1 - 9), les nations, qui ne voyaient dans cette figure totalement anéantie et humiliée, qu'un être rejeté par les hommes et frappé par Dieu, le découvrent comme celui par qui Dieu réalise leur réconciliation avec lui. C'est pour leurs péchés qu'il a souffert, dans une acceptation volontaire de cette souffrance pour les péchés du monde et la guérison de tous (voir aussi Psaume 22, 88).

En troisième lieu (53, 10 - 12), le Seigneur nous déclare que l'obéissance totale du Serviteur devient le moyen, le lieu, où s'accomplit le dessein de Dieu. La victoire du Serviteur coïncide avec le triomphe du plan de Dieu. Le rejet apparent du Serviteur par Dieu, volontairement accepté, tel est le moyen par lequel un monde rebelle reçoit la restauration de son amitié avec Dieu.

La partie centrrale de confession par les nations de leur découverte de la réalité profonde de la mission du Serviteur se trouve encadrée entre deux déclarations divines.


4. PROLONGEMENT.

L'applicaztion de ce poème à Jésus est lumineuse : anéanti en sa mort, il est exalté en sa résurrection. C'est son "OUI" à la volonté du Père, en prenant tous les risques pour aller jusqu'au terme de sa mission, qui nous sauve.

Il nous invite à reprendre son attitude de Serviteur, qui a une dimension d'inutilité (Luc, 17, 7 - 10), mais qui nous vaut de recevoir la dignité de "Fils" adoptifs, appelés à reproduire l'image de Jésus ressuscité (Romains, 8, 15 - 17 et 28 - 30), et à redire ce "OUI", qu'il nous communique par grâce (2 Corinthiens, 1, 19 - 20).

Relisons l'hymne de la "kénose - exaltation" du Christ en Philippiens, 2, 5 - 11, puis Luc, 24, 26 et 45 - 48, ainsi que 1 Pierre, 2, 19 - 25; Galates, 3, 13 - 14, et 2 Corinthiens, 5, 17 - 21.

Méditons sur la richesse de tous ces textes en relation avec ce poème du Serviteur souffrant et exalté par Dieu, belle et sublime image de Jésus en son "Heure" de passage au Père.



Seigneur Jésus,
c'est dans toute une existence de service et de miséricorde, en étant parmi nous comme "celui qui sert",
en choisissant la dernière place face à tes disciples lorsque tu leur as lavé les pieds
pour symboliser l'abîme de ton anéantissement, et, finalement, en témoignant de la vérité
de ta mission de miséricorde et d'accomplissement du salut et et de toutes les promesses de Dieu
jusqu'à être mis au rang des pécheurs, "être fait péché" pour nous,
toi qui étais sans péché, c'est ainsi qu'élevé sur ta croix tu deviens celui qui nous sauve
et nous entraîne dans l'exaltation et la nouveauté absolue de ta résurrection
ainsi que de notre nouvelle naissance dans le don de ton Esprit Saint :
donne-moi, une fois de plus, de redécouvrir ce salut transformant que tu me proposes,
ainsi qu'à tous mes frères et soeurs en humanité, et de me laisser saisir par lui
jusqu'en ton Royaume, dont tu me demandes chaque jour de produire,
là où je me trouve, les signes d'amour et de réconciliation. AMEN.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article