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Le blog de l'Abbé Benoît

Un blog qui donne de vivre joyeusement sa foi en Dieu Trinité. Faire connaître, aimer, adorer, louer Dieu en tout tant et en toute circonstance et vivre constamment dans l'action de grâce.

Samedi 18ème semaine ordinaire - Evangile

DE L'EVANGILE DE MATTHIEU :


Mt 17:14- Comme ils rejoignaient la foule, un homme s'approcha de lui et, s'agenouillant, lui dit :
Mt 17:15- " Seigneur, aie pitié de mon fils, qui est lunatique et va très mal : souvent il tombe dans le feu, et souvent dans l'eau.
Mt 17:16- Je l'ai présenté à tes disciples, et ils n'ont pas pu le guérir. " -
Mt 17:17- " Engeance incrédule et pervertie, répondit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous ? Jusques à quand ai-je à vous supporter ? Apportez-le-moi ici. "
Mt 17:18- Et Jésus le menaça, et le démon sortit de l'enfant qui, de ce moment, fut guéri.
Mt 17:19- Alors les disciples, s'approchant de Jésus, dans le privé, lui demandèrent : " Pourquoi nous autres, n'avons-nous pu l'expulser ? " -
Mt 17:20- " Parce que vous avez peu de foi, leur dit-il. Car, je vous le dis en vérité, si vous avez de la foi comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne : Déplace-toi d'ici à là, et elle se déplacera, et rien ne vous sera impossible


POUR RUMINER LA PAROLE :

1. SITUATION.

Cet Evangile, qui reprend beaucoup de passages de l'Evangile de Marc (qui avait été écrit vers 65), mais en y ajoutant des éléments qu'il partage en grande partie avec Luc, a été très probablement rédigé entre les années 85 et 90.

A parcourir tout ce Livre, on peut se demander s'il a été composé pour des chrétiens d'origine Juive (Judéochrétiens), ou pour des chrétiens d'origine païenne, ou encore pour les deux. Néanmoins, même s'il a été d'abord écrit pour confirmer une communauté Judéochrétienne dans sa découverte de la Bonne Nouvelle de Jésus, cet Evangile est ouvert également à la mission universelle auprès des païens, et il se termine par un envoi en mission par le Christ ressuscité, avec ces paroles : "allez, de toutes les nations, faites des disciples" (28, 18).

On peut diviser cet Evangile en 11 parties, qui se répondent en sens inverse (la 1ère correspondant à la dernière, la 2ème, à l'avant-dernière, etc...), concentrées autour de la 6ème partie, le "Discours en paraboles", qui sert en quelque sorte de "pivot". Nous obtenons ainsi le découpage suivant :

- Naissance de Jésus et commencement de sa mission (1 - 4)
- Bénédictions et Discours sur la montagne (5 - 7)
- Manifestations de l'autorité de Jésus et de ses appels (8 - 9)
- Discours sur la mission (10)
- Jésus rejeté par "cette génération" (11 - 12 )
- Discours en paraboles (13)
- Jésus reconnu par ses disciples (14 - 17)
- Discours sur la manière de vivre en communauté de croyants (18)
- De nouveau, Jésus manifeste son autorité et ses appels (19 - 22)
- Proclamation de situations malheureuses et Discours sur la venue définitive du Royaume (23 - 24)
- Passion, mort et résurrection (26 - 28)

Cette présentation fait ressortir que cet Evangile est bien rythmé par 5 grands discours de Jésus, dans lesquels l'auteur a concentré la majeure partie de son enseignement. Les 5 discours ont souvent fait penser aux 5 livres de Moïse de l'Ancien Testament. On dit volontiers que, pour Matthieu, Jésus est le "Nouveau Moïse".


Avec notre page, nous continuons d'accompagner Jésus dans sa 3ème grande mission apostolique, située dans l'Evangile de Matthieu, entre ses 3ème et 4ème grands discours, et au cours de laquelle il commence de se rapprocher de Jérusalem, tout en faisant découvrir à ses disciples le sens authentique, et inattendu pour eux, de sa mission, et en les préparant progressivement à son "heure" de passage au Père en sa passion-mort-résurrection.

Toute une suite de récits importants nous est ainsi présentée, parmi lesquels : la mort de Jean Baptiste (14, 1 - 12), la première multiplication des pains et la marche de Jésus sur la mer de Galilée (14, 13 - 33), le passage de Jésus en terre païenne avec la guérison de la fille de la femme Cananéenne et la seconde multiplication des pains (15, 21 - 39), la confession de Jésus-Messie par Pierre, suivie de la première annonce que Jésus fait de sa passion, mort, résurrection (16, 13 - 28), et la Transfiguration de Jésus sur la montagne, qui précède immédiatement notre texte (17, 1 - 13), pour ne citer que les principaux épisodes.

La tonalité générale de cet ensemble est bien, semble-t-il, la reconnaissance de la personne et de la mission de Jésus par ses disciples, qui contraste avec le rejet qu'avait connu Jésus de la part de "cette génération" dans les récits qui nous sont ont été proposés entre le 2ème et le 3ème discours de Jésus 11, 1 - 12, 50).


2. MESSAGE.

En descendant de la montagne de la Transfiguration, Jésus est immédiatement interpellé dans son ministère. Un homme lui demande à genoux la guérison de son enfant épileptique, guérison qu'il n'a pu obtenir des disciples de Jésus.

Jésus guérit l'enfant, en chassant l'esprit mauvais qui est en lui, mais non sans d'abord réagir sur le manque de foi de ceux qui l'entourent.

Ce qui nous vaut un dialogue de grand intérêt entre Jésus et ses disciples qui l'interrogent sur leur impuissance à guérir cet enfant.

A propos de la foi, Jésus fait remarquer à ses disciples que la foi ne consiste pas seulement à accueillir et comprendre les gestes de Jésus, comme révélation du salut que Dieu propose, mais demande également une attitude de remise de soi totale à Dieu et une confiance non moins totale en lui.

D'où l'importance de la prière (et du jeûne, selon ce qu'ajoutent quelques manuscrits) qui traduisent cette attitude, et dont Jésus parle dans le verset suivant que n'a pas repris notre texte liturgique (Matthieu, 17, 21), ce verset, ayant, semble-t-il, été rajouté là après coup (voir TOB, Matthieu, 17, 21, note "g").


3. DECOUVERTES.

Il s'agit ici d'un enfant "épileptique", maladie attribuée alors à l'influence des phases de la lune, ou encore à un esprit mauvais, ce dernier cas étant plus attesté dans Marc, 9, 14 - 29 et Luc, 9, 37 - 43. Matthieu n'en fait ici mention qu'après coup, au moment où Jésus guérit le malade en expulsant le démon. A norter que le récit de Matthieu, par rapport à celui de Marc, dont on peut dire qu'il s'est inspiré, est très abrégé.

La réaction brutale de Jésus sur l'incrédulité de "cette génération incrédule et pervétie" (17, 17) ne peut viser le père de l'enfant, qui a fait, au contraire, une démarche de confiance en Jésus et ses disciples. Elle viserait plutôt à la fois la foule et les disciples présents, et par delà eux, tous ceux qui cherchent Jésus. Voir à ce propos, Deutéronome, 32, 5 et 20.

Le verset 16 indique, ou tout au moins suggère, que les disciples seraient moins efficaces que Jésus pour pratiquer de telles guérisons. Voir cependant ce que Jésus leur dit en Jean, 14, 12, quand il leur annonce qu'ils accompliront des oeuvres plus grandes que les siennes. A condition toutefois qu'ils se situent dans une relation de foi avec Jésus qui soit du même ordre que celle de Jésus avec le Père.

Pour l'image du grain de moutarde, voir également Luc, 17, 6. Quant à l'image du déplacement de la montagne qui se jette dans la mer, elle se retrouve en Marc 11, 23, et en écho à l'affirmation de Jésus : "tout est possible à celui qui croit", en Marc, 9,23. Si l'on compare cette image avec Isaïe, 40, 4, il apparaît clairement que la foi donne au croyant de se mettre tout-à-fait du côté de Dieu (qui, dans Isaïe, 40, aplanit les obstacles pour le retour d'exil de son peuple, selon sa Parole). A noter que Matthieu reprendra cette image en 21, 21, à propos du figuier desséché, mais sans l'associer cette fois à l'image du grain de moutarde.

L'expression "déplacer les montagnes" est une expression de type proverbial, pour traduire la difficulté d'une démarche à accomplir, et que la foi permet de réaliser.




4. PROLONGEMENT.

La foi que Jésus demande ici est l'attitude de base de toute notre expérience chrétienne, et elle sous-tend toutes nos démarches. C'est comme l'ont vécu les anciens croyants d'Israël, qui s'en remettaient à Dieu, envers et contre tout, dans la confiance, et comme l'a vécu, à son tour, à la perfection, Jésus, que nous avons à vivre tous nos engagements d'hommes et de femmes, pour Dieu, par lui, avec lui et en lui.

Pour bien saisir ce que cela implique, relire Hébreux, 11, 1 - 12, 4, texte toujours à retrouver lorsque nous voulons situer notre attitude de foi.

Nous souvenir également de cette brève affirmation de Paul en Galates, 5, 5 - 6 :

Ga 5:5- Car pour nous, c'est l'Esprit qui nous fait attendre de la foi les biens qu'espère la justice.
Ga 5:6- En effet, dans le Christ Jésus ni circoncision ni incirconcision ne comptent, mais seulement la foi opérant par la charité.

De même, relire Romains, 3, 21 - 27, texte, sans doute, un peu difficile à comprendre du premier coup, mais essentiel :


Rm 3:21- Mais maintenant, sans la Loi, la justice de Dieu s'est manifestée, attestée par la Loi et les Prophètes,
Rm 3:22- justice de Dieu par la foi en Jésus Christ, à l'adresse de tous ceux qui croient - car il n'y a pas de différence :
Rm 3:23- tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu -
Rm 3:24- et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus :
Rm 3:25- Dieu l'a exposé, instrument de propitiation par son propre sang moyennant la foi ; il voulait montrer sa justice, du fait qu'il avait passé condamnation sur les péchés commis jadis
Rm 3:26- au temps de la patience de Dieu ; il voulait montrer sa justice au temps présent, afin d'être juste et de justifier celui qui se réclame de la foi en Jésus.
Rm 3:27- Où donc est le droit de se glorifier ? Il est exclu. Par quel genre de loi ? Celle des œuvres ? Non, par une loi de foi.



Seigneur Jésus,
C'est dans la mesure où nous croyons en toi que nous avons part à ta victoire,
c'est-à-dire au don rayonnant de ton salut, en ton Esprit Saint, qui transfigure nos existences :
donne-moi cette attitude de pauvreté-disponibilité-abandon,
par laquelle je me remets au Père, par toi, dans l'Esprit Saint,
et qui me permet de faire de mes paroles et engagements humains en tous genres,
le lieu de ton Evangile, de ta présence et de ta rencontre. AMEN.
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